C'est une nuit noire et compliquée qu'ont dû affronter les 16 équipages engagés dans cette 11e édition de la Transat AG2R LA MONDIALE. Ce n'était pas le plat pays sur l'Atlantique mais plus la tranchée d'Arenberg qui attendait la flotte. Une mer assez agitée pour certains avec de nombreux grains et de grandes variations de vent en force et en direction. Bref une nuit à manœuvrer et régler sans cesse afin de gagner le moindre nœud ou mille qui pourrait faire la différence en cette période de navigation observée. Car, avec une situation météorologique complexe qui ne semble pas caractérisée par un alizé régulier, les 16 duos tentent de trouver le chemin sur cette route sinueuse.
Comme le précisait Jean Maurel, la règle d'or est de se caler entre la ligne d'arrivée et le restant de la flotte. Un positionnement favorable donc pour Nacarat d'Erwan Tabarly et Eric Peron et Cercle Vert de Gildas Morvan et Charlie Dalin qui emmènent toujours la flotte dans une valse à mille temps. Pourtant les deux équipages aimeraient bien se quitter : "… on n'avait pas pour intention d'être près de Cercle Vert mais on n'a pas vraiment le choix finalement. On s'est croisé par hasard hier. Puis le vent adonnait, adonnait, alors on a décidé d'empanner. Si il n'avait pas été là on aurait empanné à ce moment là, on l'a donc fait en décidant de ne pas trop regarder Gildas. Être proche, cela permet de s'étalonner et la route est tellement longue, on fait la nôtre sans s'occuper de lui. On règlera nos comptes avec Cercle Vert plus tard ", avouait Erwan Tabarly sur Nacarat lors de la vacation radio aujourd'hui.
Certains ont bien compris la règle d'or et tentent depuis ce midi de gagner dans l'ouest afin de retrouver un cap intermédiaire, sans pour autant trop perdre dans le sud. Dans ce rôle, Banque Populaire, l'un des premiers à avoir plongé bien au sud fait désormais route à l'ouest-sud-ouest pour se recaler en vue d'une prochaine bascule. Une manœuvre que Les Recycleurs Bretons, Gaes et Skipper Macif ont également engagés. Il est fort à parier qu'au prochain classement, celui de 19h00 d'autres concurrents auront également poussé la barre pour limiter la casse en latéral.
Si la bonne marche du bateau et l'analyse de la route sont au cœur des préoccupations des Figaristes, la vie à bord s'est nettement améliorée depuis le passage de La Palma et le fait de naviguer à plat procure un confort on ne peut plus agréable pour les marins. Certains avouent dormir un peu plus que d'ordinaire, histoire de récupérer de la première semaine mais aussi pour accumuler des forces en vue d'une arrivée qui pourrait bien s'annoncer intense si les bateaux restent au contact. La lucidité sera donc de mise à ce moment mais à l'heure actuelle, l'important est de rester dans le bon groupe.
D'un point de vue météorologique, les 4 prochaines journées seront marquées par le décalage de l'anticyclone dans le sud avec un peu plus de pression pour les sudistes. En revanche, une rotation du vent à l'est puis au sud-est devrait se produire jeudi. Une situation qui nécessitera de la part des marins la plus grande attention afin de rester idéalement placer lors de ces bascules.
