16/01/11 L'OEIL DU POULPE, NOUVELLE CHRONIQUE NAUTIQUE PAR SOAVENN
Quoi de mieux qu'un bon article le dimanche soir au coin du feu? Chat ou Pc sur les genoux, c'est à vous d'en décider! L'oeil du Poulpe, nouvelle parenthèse nautique signé Soavenn arrive sur Skipinyousea.com. Nous n'avons pas privilégiés de date fixe de parution, mais chaque parution sera mis en ligne le dimanche soir. Les thèmes y seront divers, suivant les envies du chroniqueur, tantôt poulpe, tantôt Soavenn! Déjà auteur sur skipinyousea, de la rubrique "The Nautic Topic" que je vous invite à découvrir ou à re-parcourir autant que vous le souhaitez. Les "Bilou Mag" sont aussi du fruit de son imagination. Cette "couverture" retrace des moments clés des aventures vécues au cours des mois dans l'univers fanyousea, au côté de Bilou. Que du bon pour prendre du plaisir et apprendre encore un peu plus grâce à lui.  SKIP
 

N°1    ?Multi ou Mono?
 
Le passage de notre cher Bilou du Monocoque IMOCA au Multicoque MOD 70 a provoqué une grande déception pour un certain nombre de fanyouseas, attachés au monde des quillards.
 
Je dois avouer moi même une préférence  pour les bateaux qui avancent sur une patte, et, au moment d'acheter un bateau, c'est vers un mono que c'est porté mon choix alors que de nombreux  petits multis répondaient à mon cahier des charges (Day boat et raid côtier, transportable). Sitôt l'annonce faite de la présence de catamarans géants à ailes rigides pour la prochaine coupe de l'América, le petit monde du match racing s'est étrillé entre les pros monocoques et les pros multicoques. Finalement même débat dans les Mecque de la voile que chez les fanyous. Dans mon firmament nautique personnel, un des astres est plus scintillant reste Nathanael Greene Herreshoff.
Né en 1848, mort en 1938, cet architecte naval américain, "le sorcier de Bristol", géniteur de cinq « defenders » de la coupe de l'América, détenteur de six victoires sur cette même coupe, est le créateur de bon nombre de grands voiliers classiques, du racer Vigilant, à la goélette Mariette en passant par les classe New York 30 ou des élégants Cat Boat du Cape Code.
Dans ma grande ignorance, je me disais il y a encore peu d’années, que ces voiliers avaient quand même de la gueule, que les courses du début du 20ème siècle, c’était autre chose que les libellules de carbone que l’on voit aujourd’hui.  C’était avant de tomber par hasard sur ce brevet déposé par Herreshoff le 10 avril 1877.
Le célèbre « Defender » skippé par le non moins célèbre
Charlie Barr vainqueur de la coupe de l’América de 1895


Un catamaran ! A l’exception du gréement houari, imposé par les limites structurelles des matériaux de l’époque, « Amaryllis » possède déjà toutes les recettes des catas modernes, reprises sur les futurs concurrents à ailes rigides de la prochaine « Cup » : bout dehors hypertrophié, reprises d’effort du gréement par câbles sous la plateforme, gestion du parallélisme des safrans…En 1874, à bord de cette Bombe, le « sorcier de Bristol » atomise la concurrence lors d’une  classique régate de la côte est américaine. Mauvais perdants ? Lobbying d’architectes et de Chantiers ? Je ne saurai le dire, mais le Yatch Club de New York tue dans l’œuf la révolution en marche en annulant la victoire du multicoque. Cette histoire a beaucoup remis en question la vision que j’avais de la voile « classique ». En terme de vins, je refuse de trancher, et choisi Bordeaux ET Bourgognes ; en Musique, Beatles ET Stones ; au Resto, fromage ET dessert. Alors pourquoi se faire du mal en voile ? Ce sera Mono ET Multi. La semaine dernière, un ami m’a proposé de sortir sur la baie de la Baule  en cata de sport de 18 pieds d’ici peu. Et bien… j’ai accepté la proposition ! En passant au MOD 70, tout en conservant au sein de Kairos une activité IMOCA, Bilou nous offre le meilleur des deux mondes, alors, finalement, pourquoi bouder son plaisir ?       Soavenn
Pour aller plus loin :
Pour ceux qui lisent le glaouche :
 

31/01/11 L'OEIL DU POULPE N°2, CHRONIQUE NAUTIQUE PAR SOAVENN
 

N°2 ? Turner à la manoeuvre
 
Avez vous vu passer au mois de décembre cette sibylline information sur le site de la classe MOD 70 ?

« Multi One Design S.A., organisateur et fondateur exclusif de la classe MOD 70, a choisi la société d’événementiel sportif et de marketing OC ThirdPole comme coorganisateur des éditions 2012 et 2013 de l’European Tour, qui fait partie intégrante du circuit des MOD 70. »

Voilà une des meilleures nouvelles de la fin d’année 2010. OC ThirdPole est une société d’événementiel sportif et de marketing codirigé par Mark Turner. Mark Turner, peu connu du grand public, est aujourd’hui un des piliers de la voile anglo-saxonne. Partenaire d’Ellen Mac Arthur, il a codirigé avec la navigatrice une écurie de course au large Offshore Challenges, qui n’est autre que le propriétaire du Véolia 2 sur lequel Bilou vient de gagner son deuxième Rhum.

(Vous aurez remarqué le port d’attache « London » sur la poupe de l’Imoca). Mark est aussi l’organisateur de plusieurs évènements nautique, dont « l’Artemis transat » et les « extrême sailing séries ». Offshore Challenges vient de fusionner avec une société suisse, Thirdpole, spécialisée dans le montage d’événements sportifs
Sur les extrême sailing séries, il a trouvé un mode de fonctionnement qui satisfaisait toutes les parties. Les sponsors, avec un investissement mesuré et efficace, les skippers avec un plateau de haut niveau et le public, qui se trouve au cœur de l’événement.
 
Les deux idées géniales du circuit sont de placer les courses au cœur des ports et des villes d’accueil, et d’avoir imposer la présence d’un cinquième homme sur les embarcations, ce dernier étant un invité de l’équipe, qui bénéficie du plaisir de vivre un moment privilégié au cœur de la course.

Le spectacle est garanti pour le public qui ne s’est pas fait prié : Plus de 200000 visiteurs lors de la saison 2009.

En ce qui concerne ce cinquième homme, la philosophie de Mark Turner est simple : « La grande différence entre la voile et les autres sports est que vous pouvez emmener des personnes avec vous ; Il y a de très nombreuses opportunités pour le faire, même lors d’une course au large : le départ, l’arrivée, les étapes …. »

Le développement du MOD70 a été conçu comme une épreuve internationale. Il existe un numerus-closus qui limite le nombre de participants par pays à quatre. Sur les teams inscrits aujourd’hui, trois sont français. La réussite du circuit passe par le recrutement d’équipes et de sponsors étrangers. Le circuit a été développé en ce sens permettant un passage pas l’Amérique du nord, l’Australie, l’Asie, le Moyen Orient.

Et c’est là que l’intégration d’OC group dans l’organisation du circuit prend tous son sens. Outre les teams anglo-saxons, Mark est aussi intervenu comme conseiller dans le montage du projet voile du Sultanat d’Oman. Dans le cadre des « Extreme sailing series », une signature est intervenue pour l’intégration de la ville chinoise de Quindao au sein calendrier 2011. Sur ce même circuit, les différents millésimes ont vu passé les équipes d’Alhinghi, BMW Oracle, Team New Zealand, Oman Sails, Muscat Wave, Team Pindar, Luna Rossa, BT, Ecover, Holmatro, les russes de Team Ocean , Red Bull,  ABM AMRO, Team Origin, Sans oublier les français Groupama, Banque Populaire, Groupe Rothschild ou Véolia … quel carnet d’adresse !  Le président d’OC Group a été démarché par Russel Couts de BMW-Oracle pour organiser la 34ème coupe de l’América. Une offre que Le Londonien refusa.

Turner déclarait en 2008 : « Je pense que les multicoques auront un nouveau départ un certain jour. C’est une classe superbe, pour le public et les régatiers. Je ne peux imaginer que cette classe soit terminée, mais je ne vois pas les précédent ORMA 60’ renaitre de leurs cendres. Le futur ressemble plus au projet du MOD 70 qui a été bien conçu, mais peut-être trop tard et trop tôt pour une renaissance totale de cette classe extraordinaire de multicoques de course au large. »

Il y croyait déjà. Au delà de l’organisation des épreuves européennes, l’arrivée de d’OC group est une sacrée garantie pour l’avenir du circuit.   Soavenn

Pour aller plus loin…


30/04/11 L'OEIL DU POULPE N°3, CHRONIQUE NAUTIQUE PAR SOAVENN
 

N°3 ? Et si David avait raison...
 

Ce Week end, c’est la Select 6.50 à Pornichet. Cette épreuve fait office de parcours de sélection pour la transat 6.50, l’ex mini transat par laquelle Bilou commença sa carrière sur un muscadet retapé à Portlaf avec le copain Mich.

Sur place, je ne manque pas le plaisir de voir les pontons se remplir jour après jour. Cette année, je ne voulais pas rater une des stars de la série, le magnum de David Raison. Le navigateur-architecte a conçu son bolide en repartant d’une feuille blanche. Comment faire pour augmenter la puissance des monocoques, leurs performances dans les différentes allures ? Il a revendu son appartement avant de construire de ses mains, pendant deux ans, cet étonnant proto.

Au premier abord, la machine choque, sans étrave verticale, il ressemble à une belle savonnette. Comment cette machine peut elle passer dans la vague ? En fait, ce bateau adopte le principe de l’étrave horizontal, comme un optimist ou un scow des lacs américains.  En favorisant le déplacement latéral de la carène à la gite, en développant une formidable capacité au planning (dès 5 nœuds !), le bateau met une claque aux autres protos en speed test.

Pour compenser une surface mouillée plus importante dans les petits airs, le skipper joue d’une quille basculante… et coulissante afin de générer une gite limitant l’effet de frein de l’élément liquide. Un mat aile, un bout dehors autoporté monumental, la machine impressionne. Il suffit de regarder les poupes de tous ces protos au ponton, le magnum dégage de la puissance.

En fait, ce bateau adopte le principe de l’étrave horizontal, comme un optimist ou un scow des lacs américains.  En favorisant le déplacement latéral de la carène à la gite, en développant une formidable capacité au planning (dès 5 nœuds !), le bateau met une claque aux autres protos en speed test. Pour compenser une surface mouillée plus importante dans les petits airs, le skipper joue d’une quille basculante… et coulissante afin de générer une gite limitant l’effet de frein de l’élément liquide. Un mat aile, un bout dehors autoporté monumental, la machine impressionne. Il suffit de regarder les poupes de tous ces protos au ponton, le magnum dégage de la puissance.

Bilan de la première saison mitigée : le bateau a souffert de manque de mise au point. Cet excès de puissance, la raideur à la toile supérieure engendre des petits traumatismes sur l’ensemble de la structure. Casses multiples et démâtage ont emmaillés la saison 2010. David est de retour cette année avec un sponsor costaud, une structure à la hauteur de ses espoirs.  En plus de sa puissance, le plan Raison montre une balle capacité à faire du cap, même si ses allures de prédilections se centrent autour du reaching.

Sur les pontons, j’entends « on verra bien… »

C’est ce même langage que l’on entendait en 1966 à l’arrivée du Pen Duick III sur le circuit anglo-saxon. Gréement de goélette, étrave à guibre, coque aluminium, quille bulbe, Tabarly ne fait rien comme les autres avant de rafler toutes les courses de la saison, clôturant l’année par la glorieuse Sidney Hobart.

La Puissance ne fait pas tout, le surpuissant plan Kouyoumdjian en Imoca, (Pindar puis Hugo Boss 2) a montré ses limites face à des bateaux plus léger mais plus réactifs… On verra bien… J’attends de voir, avec le secret espoir que les travaux de David participent à bousculer les codes de la voile de compétition.  Vivement samedi,  13 heures.  Soavenn
Pour aller plus loin…  http://www.classemini.com/
 
 
Départ samedi pour La Pornichet Sélect 6,50 2011
74 bateaux se préparent à Pornichet, départ samedi pour 300 milles en solitaire le long des côtes bretonnes et vendéennes. La Pornichet Sélect rassemblera 74 minis. Les bateaux seront suivis avec des balises. Toutes les infos sur le site de la course. La course sera aussi à suivre sur Twitter et Facebook.   >>> Site de la Pornichet Sélect 6,50

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18/05/11 L'OEIL DU POULPE N°4, CHRONIQUE NAUTIQUE PAR SOAVENN



N°4 ? Records et Funambules
 

J’étais parti skier. Nous abordons une courbe un peu plus technique d’une piste rouge. Les cuisses commencent à chauffer, les genoux me rappellent leurs limites. Soudain, déboulant de l’arrière, à fond, à la corde, un moniteur suivi d’une dizaine d’adolescents casqués fendent l’espace, sortent de la piste dans un trou de souris avant de la reprendre un peu plus loin entre deux résineux. Incidifs, rapides, tendus, à touche-touche, les jeunes font un stage de préparation en compétition. Rarement la sensation d’avoir touché du doigt les compétences d’un professionnel, l’univers qui séparent l’amateur du compétiteur m’ont apparu aussi prégnantes.
 

Sur toutes les pages de voiles du web il y a quelques mois, une vidéo et une photo d’Yvan Zedda. A son départ d’Ouessant, Thomas Coville fait « un petit planté ». Dans cette image, un incroyable résumé de son aventure.

Une mer hostile, la force du vent que l’on sent presque sur la photo, la trainée laissée par le monstre, cet équilibre instable. A l’instant de la photo, impossible de deviner Thomas qui choque sa grand-voile, on ne peut deviner que la toile va libérer sa puissance, le moment de retournement de la plateforme rééquilibrant prestement la structure.

J’aimerais être là, la trouille au ventre, dans le cockpit de Sodebo, pour sentir, là aussi, ce qui me sépare de Thomas.

Cette image m’en rappelle une autre, instinctivement, celle de l’ORMA Belgacom (devenu depuis Gitana 11, aujourd’hui reconfiguré en 70 pieds), au cours d’un régate en méditerranée. Jean Luc Nélias à la barre, un équipage où l’on retrouve notre cher Bilou, le 60 pieds joue les équilibristes.

Interrogé à son retour à terre, Coville témoignait « un tour du monde parfait n’existe pas, enfin si il y en a un qui l’a réussi, il s’appelle Francis Joyon ». Il est vrai que les deux échecs de Thomas mettent en lumière, si c’était nécessaire, la performance du skipper d’Idec. Bateau rapide et fiable, météo favorable, gestion de course, ce record est peut être amené à tenir un moment, d’autant plus que peu de marins semblent décidés à s’attaquer à cet Everest.

Dans un sens, je le souhaite. Les records ne sont jamais aussi beaux que lorsqu’ils durent.

En 1980, la traversée de l’atlantique sur Pen Duick IV n’aurait pas eu le même retentissement si le record ne datait pas de 1905. Et quel record : Charlie Barr, vainqueur de la coupe de l’América se lance à l’assaut du record sur un bateau exceptionnel, la goélette « Atlantic ». Le monocoque de 69 mètres ne risquait pas, comme les trimarans de passer cul par dessus tête lors d’enfournement, ses 120 tonnes de lest le maintenant dans ses lignes d’eau. Mais on raconte que lorsqu’il allait à la bannette, Charlie Barr faisait cadenasser les drisses pour éviter que ses 50 hommes d’équipage ne réduisent les 1790 m2 de voilure.

A sa façon, un autre étonnant funambule.  Soavenn

Pour aller plus loin :  Le site de la reproduction d’Atlantic, mise à l’eau en 2008 : http://www.schooner-atlantic.com/




 
 
 



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