18/05/11 L'OEIL DU POULPE N°4, CHRONIQUE NAUTIQUE PAR SOAVENN

18/5/11

18/05/11 L'OEIL DU POULPE N°4, CHRONIQUE NAUTIQUE PAR SOAVENN



N°4 ► Records et Funambules
  J’étais parti skier. Nous abordons une courbe un peu plus technique d’une piste rouge. Les cuisses commencent à chauffer, les genoux me rappellent leurs limites. Soudain, déboulant de l’arrière, à fond, à la corde, un moniteur suivi d’une dizaine d’adolescents casqués fendent l’espace, sortent de la piste dans un trou de souris avant de la reprendre un peu plus loin entre deux résineux. Incidifs, rapides, tendus, à touche-touche, les jeunes font un stage de préparation en compétition. Rarement la sensation d’avoir touché du doigt les compétences d’un professionnel, l’univers qui séparent l’amateur du compétiteur m’ont apparu aussi prégnantes.
 
Sur toutes les pages de voiles du web il y a quelques mois, une vidéo et une photo d’Yvan Zedda. A son départ d’Ouessant, Thomas Coville fait « un petit planté ». Dans cette image, un incroyable résumé de son aventure.

Une mer hostile, la force du vent que l’on sent presque sur la photo, la trainée laissée par le monstre, cet équilibre instable. A l’instant de la photo, impossible de deviner Thomas qui choque sa grand-voile, on ne peut deviner que la toile va libérer sa puissance, le moment de retournement de la plateforme rééquilibrant prestement la structure.

J’aimerais être là, la trouille au ventre, dans le cockpit de Sodebo, pour sentir, là aussi, ce qui me sépare de Thomas.
Cette image m’en rappelle une autre, instinctivement, celle de l’ORMA Belgacom (devenu depuis Gitana 11, aujourd’hui reconfiguré en 70 pieds), au cours d’un régate en méditerranée. Jean Luc Nélias à la barre, un équipage où l’on retrouve notre cher Bilou, le 60 pieds joue les équilibristes.

Interrogé à son retour à terre, Coville témoignait « un tour du monde parfait n’existe pas, enfin si il y en a un qui l’a réussi, il s’appelle Francis Joyon ». Il est vrai que les deux échecs de Thomas mettent en lumière, si c’était nécessaire, la performance du skipper d’Idec. Bateau rapide et fiable, météo favorable, gestion de course, ce record est peut être amené à tenir un moment, d’autant plus que peu de marins semblent décidés à s’attaquer à cet Everest.Dans un sens, je le souhaite. Les records ne sont jamais aussi beaux que lorsqu’ils durent.
En 1980, la traversée de l’atlantique sur Pen Duick IV n’aurait pas eu le même retentissement si le record ne datait pas de 1905. Et quel record : Charlie Barr, vainqueur de la coupe de l’América se lance à l’assaut du record sur un bateau exceptionnel, la goélette « Atlantic ». Le monocoque de 69 mètres ne risquait pas, comme les trimarans de passer cul par dessus tête lors d’enfournement, ses 120 tonnes de lest le maintenant dans ses lignes d’eau. Mais on raconte que lorsqu’il allait à la bannette, Charlie Barr faisait cadenasser les drisses pour éviter que ses 50 hommes d’équipage ne réduisent les 1790 m2 de voilure.

A sa façon, un autre étonnant funambule.  Soavenn
Pour aller plus loin :  Le site de la reproduction d’Atlantic, mise à l’eau en 2008 : http://www.schooner-atlantic.com/

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