Etre au bon endroit au bon moment. C’est tout l’enjeu de ce départ autour du monde aussi attendu que souhaité par le skipper solitaire qui guette depuis trois mois les conditions favorables pour sortir d’un Golfe de Gascogne balayé par des tempêtes successives. Le marin a d’ailleurs été contraint, hier soir, de décaler de quelques heures son départ du ponton pour laisser passer cette nuit un nouveau coup de vent qui rendait la manœuvre de port délicate.
Au-revoirs nocturnes
C’est à 3 heures du matin, à la lueur de la Lune presque pleine, que le trimaran a quitté le port du Château. Sur le ponton brestois plongé dans l’obscurité, on pouvait distinguer les ombres de quelques irréductibles parmi lesquels la femme de Thomas et leurs deux enfants mais aussi les dirigeants de Sodebo qui accompagnent le marin depuis déjà 15 ans. Malgré la pluie et le vent, tous tenaient à saluer un skipper plus déterminé que jamais et très concentré sur son objectif. Thomas n’a pas trainé pour mettre le cap sur Ouessant. Trois de ses équipiers l’ont aidé à hisser la grand voile avant de débarquer à bord d’un semi-rigide devant le port de Camaret, situé à la sortie de la rade de Brest.
Sans transition
Le premier objectif du skipper consistait à couper la ligne avant que le vent ne molisse trop sur la pointe Bretagne. Le maxi-trimaran s’est élancé au près face à un flux de 15-20 nœuds ce qui n’est jamais simple à proximité des côtes. Après un bord de dégagement pour s’écarter de Ouessant, Thomas mettra cap au Sud en tribord afin de traverser le thalweg (zone de vent faible) le plus bas possible dans le Golfe. Il attrapera alors enfin du vent portant de Ouest-Nord-Ouest. Il pourra accélérer et devra rester vigilant en raison des grains orageux prévus sur sa route.
Un tour du monde par les trois caps
Après la descente de l’Atlantique, le chasseur de record doit franchir le Cap de Bonne Espérance (pointe Sud de l’Afrique) puis le Cap Leeuwin (pointe Sud-Ouest de l’Australie) et enfin le mythique Cap Horn (Amérique du Sud) avant de remonter l’Atlantique pour revenir couper la ligne à Ouessant. Un contre-la-montre de 40 000 kilomètres (21 600 milles) considéré comme le plus engagé de la voile en solitaire. Seuls Ellen MacArthur, Francis Joyon et Thomas Coville l’ont déjà terminé sans escale.