30/04/2013 MINITRANSAT 2013 : LE PARI RÉUSSI DE PIFOU DARGNIES AVEC KISSKISSBANKBANK

Un Pari Réussi avec la Kisskissbankbank et une mini transat 2013 qui ouvre ses portes !

Copyright Soavenn - Skipinyousea.com

Bonjour Pifou, que de bonnes nouvelles pour cette année 2013 ! Tu avais fait le pari d’un montage financier solidaire (KisskissBankbank) pour participer à la Mini Transat 2013, raconte-nous. Quelles ont été tes motivations pour aboutir à ce choix ?
A temps de crise, gestion de crise. J’ai passé la moitié de ma vie à chercher des sponsors pour monter des projets de plus en plus ambitieux. Ca a toujours été difficile, quelque soit la situation économique, mais il faut reconnaître que depuis 2 ans, ca a évolué. Avant 2010, je finissais toujours par trouver une bribe de budget, une solution, mais après 1 an ½ et des centaines d’heures de recherche, le bilan début 2013 était bien maigre : moins de 4000€ récoltés. J’ai donc décidé de miser sur la solidarité : chacun aide en fonction de son budget, il faut que ca reste une goutte d’eau et trouver des centaines de gouttes d’eau. A force de petites gouttes, mais aussi de verres et de carafes, j’ai pu réunir 20,000€.
 

Tu avais fait le pari de collecter 20000 euros en 90 jours grâce aux dons des « Kissbankers », 10, 50, 100, 200 ou plus, et cela a payé ! Un p’tit mot pour eux ?
Je les remercie sincèrement de me soutenir et de me faire confiance. Grâce à l’effort de chacun, mon projet devient réalisable. Avec tant de soutiens, cela me donne aussi la force de repousser mes limites pour que vous soyez fiers d’avoir soutenu mon projet.


Comment va s’articuler les 20000 euros pour ton projet ? Voiles ? Transports ? Inscriptions ?
Les 20,000€ deviennent 18,400€ après paiement des frais de paiement par Internet et de KissKissBankBank. Ils vont être dépensés ainsi :

Ceci correspondait à mon budget minimum, mais il me reste à payer un bout dehors de secours, un peu d’électronique de secours, 2 spis etc. … Je recherche donc toujours des partenaires, même si je suis maintenant assuré d’être au départ de la Mini.

J’ai vu dernièrement que de nouveaux sponsors avaient souhaité rejoindre ton aventure. Qui sont-ils ?

Le mois d’avril a en effet été une succession de réussites pour le projet, sur le côté sportif et financier. Les partenaires qui ont rejoins le projet sont SYGESPRO Informatique, RENOSTYLE, l’IGAM et GSEA DESIGN. Ils rejoignent ainsi mes autres partenaires que sont WE VAN, NAVICOM, OCEOPROTEC, BARAN SAS et, bien sur, KAIROS sans qui ce projet n’aurait pas le même visage !

Copyright Armand De Jacquelot

Qu’aimerais-tu leur dire ? Aux entreprises, je souhaite dire la même chose qu’aux 150 particuliers qui soutiennent le projet : Merci ! Merci pour votre confiance, vous soutenez un jeune skipper motivé qui est fier de porter vos couleurs, j’espère que vous serez fier que je vous représente sur les plans d’eau européens et à travers l’Atlantique.
 
La Mini Golfe, à la Grande Motte au programme 100 milles en solitaire pour la première course de la saison 2013, la Demi-Clé 6.50, départ le 13 avril de Locmiquélic (56) et la Select 6.50, départ le 20 avril de Pornichet (44), Voilà Une Saison 2013 déjà riche en navigation !

 
Comment se sont passées ces navigations ?
En effet, le début de saison a été bien chargé ! Plus de 550 milles parcourus en 2 mois, sans compter les entraînements et les convoyages. Je tâche de me préparer au mieux pour rivaliser avec les meilleurs cette saison, et particulièrement sur la Mini Transat 2013.

La Mini Golfe est une mini course dans le Golfe du Lion, au départ de la Grande-Motte. Cette course était importante pour moi car elle représentait mon passe-droit pour la Mini Transat : j’allais passer grâce à elle les 1000 milles (1852km) parcourus, en course sur mon mini. La mini golfe a été très piégeuse pour moi : Alors en seconde position au soir du premier jour, je me suis fais enfermer dans une zone sans vent, dont la Méditerranée a le secret ! Je passe donc la mi-course dans les 3 derniers… Après avoir cravaché toute la nuit, je reviens sur le podium alors qu’il ne reste plus qu’une dizaine de milles à parcourir. Alors que j’avais les yeux sur la carte, je sens le bateau qui s’arrête doucement. Je désenclenche le pilote pour reprendre la barre et relancer le bateau : il n’avance pas. Je jette un œil derrière, une bouée de casier retient le 755. J’essaye alors une manœuvre pour m’en sortir : en vain. J’affale alors les voiles pour aller voir sur la quille : le casier est retenu par 3 filins, enroulés solidement autour de la quille.

Des pêcheurs passant dans le coin arrivent alors :

" - Qu’est ce que tu fais sur notre casier ? Tu dors ou quoi ?

- Non, je ne l’ai pas vu, désolé. Je ne vois pas comment m’en sortir, je vais surement devoir couper.

-Et bien débrouille toi ! "
 

Et ils repartent, furieux de ne pouvoir relever leur casier, et je les comprends. Je suis bien désolé pour eux mais aussi pour moi. J’appelle le comité pour leur annoncer ma volonté de plonger : « si tu demandes assistance, tu perds ta qualif’ ! ». Je le sais bien, je ne demande pas assistance. Je vais y aller, sans masque et sans combinaison dans cette eau à 10°C : on est le 10 mars. Je demande à des coureurs passant dans le coin de me surveiller mais Raphaël qui se propose (Merci Raph !) est à 30mn de ma position, je n’ai pas la patience d’attendre. Allez, ni une ni deux, je prends ma respiration, je plonge, je coupe 1 filin, le 2^ème et le casier part : le 3^ème était relié au 2^ème. Ouf ! Je remonte à bord, me sèche, renvoi mes voiles et termine 10^ème…

Sur la Demi-clé 6.50, je suis accompagné d’Armand, mon ami, copropriétaire et co-skipper préféré ! Les conditions météorologiques sont très mauvaises, force 9 prévu sur le parcours et le comité décide donc sagement de repousser le départ. Nous partons donc sur un parcours réduit d’environ 70 milles entre Locmiquélic, près de Lorient, et Pornichet. La ligne de départ étant mouillée dangereusement nous décidons de nous éloigner de ce remue-ménage à quelques secondes du top et nous prenons donc un mauvais départ, ce qui n’est pas une bonne chose sur un si petit parcours. Mais quand on voit le nombre de bateaux accidentés, on est heureux que le 755 soit en un seul morceau ! A force de réglages, de bascules de vent, de tactique, nous parvenons à nous retrouver pas trop loin des 10 premiers au tiers de la course. La flotte se scinde alors en 3 : ceux qui passent au Nord de Houat et Hoedic, ceux qui passent au sud, et ceux qui passent entre les deux. Nous choisirons cette dernière option qui s’avèrera être la bonne mais aussi celle des 10 premiers. Le vent mollit à la fin et avec nos voiles qui ont 4 ans, nous n’aimons pas vraiment les calmes : nous finissons 16^ème sur 50 bateaux de série.


Copyright Soavenn - Skipinyousea.com

Une semaine plus tard, je m’engage sur la Pornichet Select 6.50 : 300 milles (555 km) en solitaire. Après un départ prudent, on est quand même 70 sur la ligne de départ, je pars sous spi puis au près en direction du phare des Birvideaux, entre les îles de Groix et Belle-Ile. Dans un vent oscillant, je parviens à m’extirper du peloton pour passer cette marque en 7^ème position, c’est un bon début…


Deux changements de voile plus tard, je navigue dans un groupe de 10 bateaux, seul notre ami Ian a pris la poudre d’escampette. Au petit matin, je tombe dans une zone sans vent sous l’île d’Yeu, me prenant même un casier dans le safran, sans gravité. Mais je ne sais pas pourquoi Eole en a décidé ainsi : je suis le seul à m’arrêter, les autres continuent, je n’ai plus un souffle. Je perds 8 milles sur le groupe de tête, dur pour le moral…

 

A 7h30

A 10h30

Je passe les Sables d’Olonne en 12^ème position  avec 10 milles de retard sur la tête de course et c’est parti pour plus de 100 milles de près, direction l’île de Groix !

Nouveau solent

J’essaye de me reposer un peu pour cette deuxième nuit en mer, quelques siestes de 15mn et une bonne nutrition serait l’idéal mais je suis en mode « sprint », l’arrivée n’est pas si loin. C’est une erreur de penser cela quand il reste 170 milles à parcourir ! Je passe Groix en 12ème position, 30 heures plus tard ! Arrive alors le dernier bord de vent portant vers l’arrivée à Pornichet : Conditions de vent légères, de vieilles voiles, l’histoire de la Demi-Clé se répète : je perd 3 places et termine 15ème. Je franchi la ligne à 5h du matin, après 2 jours et 16 heures de mer. Extrêmement fatigué, je n’ai dormi que quelques heures et je suis assez furieux à l’arrivée d’avoir perdu 3 places sur le dernier bord. Après un peu de repos je relativise : j’ai bien navigué, ma vitesse me permet de tenir le groupe des ténors et je suis toujours dans les bonnes options. Cette régularité me permet même d’être classé 9ème au classement « mondial » de mini 2013 (classe internationale certes, mais très française quand même !). As-tu pu peaufiner encore un peu plus tes réglages ? J’ai peaufiné un peu mes réglages mais je travaille surtout maintenant sur un jeu de voile neuf avec le voilier Hervé AUBRY, de la voilerie HSD. Mes voiles ont toutes 4 ans et j’ai maintenant le budget pour en changer 3 sur les 7 voiles que composent mon jeu. Je travaille donc cela. J’engrange aussi de l’expérience et de la confiance en moi pour être prêt à prendre le départ de la Mini Transat. Je progresse de jour en jour. Désormais je pense que l’on peut dire que tu es dans le grand bain et prêt à affronter l’atlantique ? On a toujours du travail, mais à moins de 6 mois du départ, je peux dire que j’aime le mini, la course au large en solitaire et que je m’y sens bien. La mer offre toujours ses aléas et ses surprises mais je suis prêt à les gérer.

Comment vis-tu ton projet au quotidien ? Le prends tu finalement comme un métier à part entière ou il y a-t-il une part de passion qui reprend le dessus ?

Je ne me considère pas comme un skipper professionnel même si naviguer représente une grande part de mon activité actuellement. KAIROS me laisse le temps de préparer mes courses sereinement et de m’entraîner mais je continue à assurer mon job de responsable du bureau d’étude. Je prépare donc ma mini avec envie et passion, je ne vais pas au « boulot » quand je vais naviguer ! Et quant à la gestion du projet, c’est un travail en effet, de l’administratif, mais je le fais aussi avec énormément de plaisir.

Trois courses en 2013 et trois courses terminées classé. Quelle est ton prochain objectif dans les semaines à venir ?

J’ai abandonné sur deux courses en 2012, j’espère de tout mon cœur que ca ne se reproduira pas. Pour gagner, il faut finir : c’est toujours l’objectif n°1 à avoir en tête ! L’objectif est donc de finir toutes mes courses, si possible dans le top 10. L’idée est de rester dans le top 10 du classement mini 2013. J’espère bien sur aussi que 2013 m’offrira mon premier podium en mini et tant qu’à faire, sur la plus belle course de la saison : à savoir la Mini Transat ! Mais pour cela, il faut finir !

Des surprises cotés sponsors dans les prochains mois ?

Je continue à chercher des partenaires et à faire parler du projet. J’ai quelques contacts en cours mais lorsque cela traîne, ce n’est pas bon signe. La priorité en ce moment est le sportif. Il me faut être bien prêt, serein, rigoureux et avoir un bateau fiable. Le 755 l’est, je n’ai plus de casse à déplorer depuis le bris de la bôme sur le Mini Fastnet 2012.

Le programme à venir est donc :

5 Mai : La Trinité – Plymouth, 280 milles en double
13 juin : le Trophée MAP, 220 milles en solitaire
20 juin : Mini Fastnet, 600 milles en double
6 juillet : Baptême du mini 755, à Concarneau
20 juillet : Transgascogne, 640 milles en solitaire
 
Rendez-vous au Baptème ... Franck Voisin / SKIP49  ITW Skipinyousea.com 2013©