Interview du site officiel http://www.kairos-jourdain.com
A lire avec toujours autant de plaisir, et merci à Bruno Clément qui couchent ces questions sur la toile du net...
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Comment vas-tu après ce long intermède estival ?
Ça va bien ! J'ai passé un bon été, tranquille (sourire). Ça faisait un bout de temps que ça ne m'était pas arrivé. Je me sens prêt à attaquer cette saison où il va forcément se passer plein de choses.
Justement, comment le vois-tu cet avenir immédiat ?
Comme la ligne d'horizon. Quand on est mal luné, l'horizon est synonyme de désert. Mais quand on est en forme, on a vraiment envie d'aller voir ce qui se cache derrière. Mon état d'esprit correspond à cette seconde vision.
Du côté du sponsoring, où en êtes-vous chez Kaïros ?
Je mentirais si j'affirmais que nous avons signé un top sponsor au cours des dernières semaines. Mais on a pu conserver l'ensemble de l'équipe ou presque. Comme prévu, les gars ont bien navigué. Phil et Thomas épaulent Bernard Stamm dans son ultime préparation du Vendée. Ryan a disputé la Transat en Mod, couru Québec -Saint-Malo en Class 40 et navigué sur Wally en Méditerranée. Pifou poursuit son entraînement dans la perspectives de la Transat 6.50 et...
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… à propos de 6,50, on dit que Concarneau pourrait devenir une base d'entraînement et que tu ne serais pas étranger à l'affaire...
Disons que la présence de Pifou au sein de Kaïros nous donne l'occasion de réfléchir en effet à un centre d'entraînement pour Minis 6.50.
Un soutien technique, vous l'apportez à Eric Lecoq, dans la mise au point de son nouveau Class 40, un Tyker 3e génération...
Notre intervention auprès d'Eric est bien autre chose qu'un simple soutien technique. Kaïros assure la mise au point du bateau, tout l'aspect « optimisation de la performance », ainsi que la gestion administrative et financière du dossier. Notre mission a commencé alors que le voilier était encore au chantier à Lorient. Nous avons installé l'accastillage, ce qui était assez logique puisque nous avions étudié le plan de pont, ainsi que l'électronique. Nous avons ensuite convoyé le bateau à Concarneau où nous avons réalisé une série de tests en mer. Plus tard dans la saison, le 40 pieds passera par l'atelier.
Comment perçois-tu cette collaboration entre Kaïros, ton équipe de course, et un coureur privé ?
C'est un des axes de développement de l'équipe qui me tient beaucoup à cœur. L'expérience me parait profitable pour tout le monde. Au terme de la mission il faudra demander à Eric ce qu'il en pense mais pour nous, en interne, on le considère comme un skipper « maison ». On prépare son bateau comme on sait le faire, avant n'importe quelle grande épreuve, Vendée, Barcelona ou Rhum. Nous avons d'ailleurs fait intervenir nos fournisseurs habituels, qui ont répondu comme s'il s'agissait d'un bateau du team. Je pense notamment à Nautix, Navicom ou encore à North.
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En fait, son « bateau de propriétaire » bénéficie de la préparation très pointue d'un team professionnel...
C'est le but du jeu.
Que penses-tu du Class 40 en général...
J'y accomplis mes premiers bords, même si j'avais un peu navigué à bord du Pogo 1 d'Eric, bateau qui est d'ailleurs à vendre à Concarneau. Je découvre ce petit monde qui parait assez passionnant!
… et du Tyker en particulier ?
Il est vivant, très agréable. On a des sensations particulièrement vives avec ce bateau. Au portant dans la brise, il atteint rapidement à 16, 17 nœuds ! Il est plus rapide que je le pensais. Mais c'est un plan Verdier... Guillaume donne là une nouvelle preuve de son talent.
Pour toi, les Class 40 sont des minis Imoca ou des super 6,50 ?
Par certains côtés, ils se rapprochent des Imoca, même s'ils sont bien plus sages avec leur quille fixe. A d'autres moments, ils me font plus penser au Figaro, par exemple. En tout cas, ce mélange de comportements, parfois celui d'un gros bateau, parfois celui d'un petit bateau, est très plaisant.
On parlait de tes équipiers qui ont passé une bonne partie de l'été sur l'eau. Et toi, as-tu navigué ?
En course, non. C'était délibéré et prévu depuis des mois. Après l'étape de l'Europa Warm Up, disputée fin mai avec Jean-Pierre Dick, j'ai fait une petite coupure, qui m'a fait un bien fou. Là, début octobre, dans le cadre des entraînements de Port-la-Forêt, je navigue sur Macif avec François Gabart, qui prépare bien sûr le Vendée. Je n'ai pas souvent l'occasion de naviguer sur ces 60 pieds de dernière génération, ce sont de bonnes expériences.
En principe, tu aurais dû être cet été l'un des leaders du Mod 70. Que penses-tu de la première saison de cette nouvelle classe ?
Quand on voit le bateau et la manière dont sont disputées les compétitions, on se dit que la formule est dans le vrai. La bagarre est serrée et c'est chouette. Il est seulement dommage que le démarrage ait été si confidentiel.
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« UNE FORME ''D'OPEN SOURCE'' EST-ELLE COMPATIBLE AVEC NOTRE SPORT ? »
Que t'inspire le retrait de Foncia du circuit ?
Ce n'est jamais une bonne nouvelle quand un sponsor s'en va. A chaque fois, c'est une raison supplémentaire pour réinventer un peu de notre sport, même si la mer conserve toutes ses valeurs. Mais c'est vrai que la conjoncture est sévère. J'intervenais l'autre jour sur Canal + à propos des difficultés financières dans la voile et l'on constatait une baisse quasi générale des budgets, sur le Vendée notamment.
En parlant du Vendée, tu déclarais ici même que tu ne renonçais pas à l'idée de courir l'édition 2016. Où en es-tu dans ta réflexion ?
La décision d'adopter un monotype, d'aménager la jauge actuelle ou encore de faire courir une flotte mixte n'a pas été prise par l'Imoca. Elle le sera après le Vendée. Il faut donc attendre. L'adoption d'un monotype semble aller dans le sens de l'histoire, même si la formule fait grincer des dents, ce que je comprends fort bien. On pourrait aussi conserver une jauge ouverte et faire en sorte qu'une avancée sur le plan technique, mise en lumière par un coureur, soit partagée avec les autres skippers. Cela dit, je sais bien que créer une forme d'open source en matière de recherche et développement de bateau de course serait très compliquée à mettre en œuvre. Je n'ai pas de réponse toute faite sur le devenir de l'Imoca.
Que penses-tu de l'adoption du monotype dans la Volvo ?
Avant de répondre, saluons une nouvelle fois la victoire de Groupama dans ce tour du monde. C'est magnifique ce qu'ont fait les gars, du super job! Eux pourraient d'ailleurs dire combien les bateaux et l'évolution de la course sont budgétairement très lourds. Au fond, il n'y avait pas d'autres solutions que de choisir un monotype. Si l'on veut que le spectacle continue, il faut des acteurs.
Depuis l'annonce de la Volvo, tu gardes un œil sur cette course ?
Je fais plus que garder un œil. Je la regarde avec attention, je vois comment évolue la situation. Un équipage féminin est déjà inscrit.
Changeons de sujet et parlons d'un autre aspect de l'activité de Kairos, la recherche sur les bio matériaux. Que s'est-il passé cet été ?
On a continué d'avancer, toujours dans l'idée de passer de la « recherche fondamentale » à une activité de production commerciale. Beaucoup de gens sont venus nous voir et leurs jugements nous confortent dans l'idée que l'on ne s'est pas trop trompé!
Concrètement, comment se traduit cet avancement ?
Nous réglons actuellement toutes les questions juridiques liées à la propriété industrielle, aux brevets, etc. Les projets vont donc débuter concrètement très bientôt.
Propos recueillis par Bruno Clement
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