La nouvelle a eu l’effet d’une bombe vendredi matin. Elle a plongé tous le monde de la voile dans la stupeur. C’est un peu comme si Ferrari se retirait de la F1 en plein milieu de saison alors qu’elle aurait fait équipe avec Michael Schumacher.
L’entreprise Veolia Environnement a mis prématurément un terme au contrat qui la liait au coureur océanique Roland Jourdain. L’entreprise a annoncé son retrait du programme MOD 70 pour des raisons économiques. La nouvelle est d’autant plus incroyable que le MOD 70 Veolia a été mis à l’eau l’été dernier.
Dans un communiqué assez laconique, l’entreprise évoque le contexte difficile pour justifier cette décision. Les prémices de base au soutien de telles orientations veut qu’on s’abstienne d’investir dans un programme voile lorsqu’on licencie. Or, il s’agit là d’un raisonnement archiboiteux émanant probablement d’une instance ayant peu de connaissance des rendements liés aux partenariats voile. Des instances technocratiques qui ont des mandats de redressement économique et qui, conséquemment, coupent sans procéder à de réelles analyses préalables. |
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Le bateau de Veolia est-il en train de couler à une vitesse telle qu’il faille jeter l’ancre avec le guindeau au beau milieu de l’océan? Nous ne le croyons pas. Nous pensons plutôt que la voile est encore victime de ces perceptions erronées qui l’ont toujours caractérisée. Certes le contexte prête à morosité. Mais le repli a toujours été une stratégie publicitaire risquée.
Pour ma part, sachez que je ne connaissais l’entreprise Veolia Environnement ni d’Ève ni d’Adam avant de suivre Roland Jourdain sur les circuits de course au large. C’est ainsi que j’ai appris que ces gens-là existaient. Je me suis familiarisé avec l’entreprise. J’ai su aussi qu’elle avait des assises chez nous au Québec. Et son implication dans la voile auprès de Bilou m’a fait voir la philosophie qui anime Veolia dans les grands dossiers liés à l’environnement.
J’imagine que c’est un peu comme cela pour beaucoup de monde. L’implication de Veolia a fait grimper sa notoriété à l’échelle planétaire. Et en publicité, ce qui compte, c’est d’être vu et d’occuper le plus d’espace possible.
Tout de même. Malgré la déception qui nous envahit, on ne peut qu’être admiratif de cette entreprise et la remercier d’avoir soutenu depuis plus de dix ans, l’une des plus belles étoiles du monde de la course océanique.
Il reste juste à espérer pour Veolia qu’elle ne s’en morde pas trop les doigts. Si Roland Jourdain n’a malheureusement pas mis la main sur le Vendée Globe qui est le Saint-Graal de la voile, en retour on peut dire que ce gars-là est incontestablement LE meilleur vendeur de son sport. Roland Jourdain c’est l’enfant chéri de la voile, un homme que toutes les femmes aiment, y compris les belles-mères.
Avec sa bouille et son attitude bon enfant, ce sympathique marin risque de ne pas rester longtemps sur le carreau. Roland Jourdain est un sac tombé d’un camion de la Brink’s. Son charisme en a fait l’un des marins les plus marquants de la première décennie des années 2000. Et bien qu’il ait vieilli, il est comme le bon vin et n’a fait que prendre encore plus de valeur. Ça ne devrait pas très long avant que le téléphone sonne. Si ce n’est pas déjà fait…
Tiens, et si on lui lâchait un petit coup de fil pour l’inviter à venir faire la Transat Québec Saint-Malo ? Lors d’une récente entrevue récente donnée au Café de la Marine, Bilou n’a pas caché son intérêt pour notre transat.
En terminant, ce coup de massue aura au moins le mérite d’inviter les gens de la classe MOD 70 à s’orienter vers une gestion prudente de la croissance. La voile n’est pas la F1. Ce qui hier était vrai peut être totalement différent aujourd’hui. Cette classe a quelque peu pris le mord-aux-dents. Elle tente de s’insérer dans un marché saturé avec un concept des plus exigeant pour les promoteurs. Or, il ne faudrait pas perdre de vue que même l’America’s Cup a vécu des jours difficiles. Une classe avertie en vaut deux.
[SOURCE : www.voileenligne.com] merci Soavenn crédit Photo Nathalie Jouat