03/02/11 MOD 70 : STEVE RAVUSSIN, PREMIER MAITRE A BORD EN MARS. INTERVIEW

3/2/11

03/02/11 MOD 70 : STEVE RAVUSSIN, PREMIER MAITRE A BORD EN MARS. INTERVIEW
Le bateau de 70 pieds (21,3 m) du Vaudois, premier de 12 qui animeront le championnat du monde monotype qu’il a conçu avec deux amis, sera mis à l’eau le 21 mars. Le navigateur vaudois Stève Ravussin, basé à Aclens, s’est lancé un audacieux défi en 2009: monter, avec ses amis Franck David et Marco Simeoni, un championnat du monde réunissant de 5 à 12 multicoques identiques. Un pari fou en passe d’être gagné.
  Quatre MOD 70’(ndlr: MOD pour Multi One Design, 70’ pour 70 pieds)ont déjà trouvé preneurs. Le premier à être mis à l’eau, le 21 mars, sera celui confié à Stève et à son équipage de 6 à 8 hommes. Entretien.

Stève, quel est votre état d’esprit à moins de deux mois du baptême du MOD 70’ No 1?
On entre dans le vif du sujet. Les gens ne se rendent pas compte de l’investissement qu’il a fallu, durant des mois, à tous ceux qui ont contribué à rendre notre projet possible. Le premier bateau est dans son port d’attache, à Lorient, en phase de finition. Les autres suivront tous les trois mois. Mais le travail est loin d’être terminé. L’organisation du championnat est aussi une lourde mission, pour que tous les teams puissent se battre à armes égales. Celui qui gagnera sera vraiment le meilleur, un jeune skipper pourra montrer ce dont il est capable, l’être humain sera véritablement au centre de la technologie. Et d’une belle technologie…

Rappelez-nous la genèse de cet incroyable défi…
Las d’être confronté, dans ma carrière, à des pépins techniques, au manque d’argent et à des bateaux mal construits qui se dévalorisaient vite, j’ai ruminé l’idée de lancer une série monotype. J’ai toujours rêvé de pouvoir me battre sur un pied d’égalité avec les autres. En 2009, avec Franck David (Lorient) et Marco Simeoni (Lausanne), nous avons racheté les droits du Circuit français ORMA(ndlr: des bateaux de 60 pieds)et avons profité du travail fourni en amont pour lancer notre concept sous le nom de Multi One Design SA. Les bases du Multi One Championship, circuit européen et mondial innovant mettant aux prises des bateaux identiques, étaient posées. Nous avons alors privilégié la qualité de construction et la sécurité des embarcations. Travaillé avec les meilleurs architectes et chantiers pour réduire de 40% les coûts de construction, grâce à la monotypie. Et nous avons monté un budget pour la construction d’au minimum 5 bateaux.

Quelle est votre implication exacte?
Je suis responsable du développement du bateau, de la mise en place des normes de contrôle et du respect de la monotypie. Marco Simeoni est le directeur financier du projet. C’est lui qui recherche activement nos futurs partenaires pour le championnat et pour la Fondation Multi One Attitude qui donne son nom à mon bateau. Quant à Franck David, il est directeur exécutif et gère les teams et villes étapes. Associés à parts égales, nous fixons toutes les règles, car nous ne voulons pas que le projet dérape. Mais nous sommes soucieux d’une concertation permanente avec les teams inscrits. Le projet MOD, c’est désormais 80 personnes qui travaillent à temps plein.

Pourquoi des 70 pieds?
Nous avons tenu compte de ce qui faisait la réussite d’anciens 60 pieds et modifié ce qui ne fonctionnait pas. Nous avons réduit leur largeur pour diminuer les efforts, rallongé la coque centrale de 60 à 70 pieds pour éviter l’enfournement par l’avant, diminué les mâts de 1,50 m pour rabaisser le centre de gravité. Nous avons ainsi gagné 20% de coefficient de sécurité, tout en conservant des bateaux très excitants.

Les teams pourront-ils les adapter?
En aucun cas. Seule la couleur de la coque et des voiles variera.

Comment avez-vous démarché les skippers?
Par voie d’annonces, mais aussi en passant par les architectes, nous avons dévoilé le lancement d’un championnat mondial sur 10 ans, avec un énorme coefficient de qualité. Nous avons mis l’accent sur le fait que les bateaux sont très solides, qu’ils ne se déprécient pas avec le temps et peuvent être remis en état en 15 jours en cas de casse.

Et vous avez frappé fort…
Outre le mien, trois bateaux ont effectivement déjà été vendus. Le premier à Veolia Environnementet Roland Jourdain, qui a gagné deux Routes du Rhum et fini deux fois 2e du Vendée Globe. Le deuxième à Foncia et Michel Desjoyeaux, vainqueur notamment de deux Vendée Globes et de la Transat anglaise. Le troisième à Benjamin de Rothschild et au Team Gitana, le skipper n’étant pas choisi.
 

Pas suffisant, bien sûr…
Nous sommes à bout touchant avec plusieurs autres teams, dont nous ne pouvons dévoiler les noms. Les processus de décision sont longs, mais nous ne sommes pas inquiets. Car, actuellement, nous vendons une maison sur plan. Le 21 mars prochain, le MOD 70’ No 1 sera mis à l’eau en public. Cela dit, l’attribution des Nos 5, 6 et 7 devrait être dévoilée rapidement. Seule certitude, il n’y aura qu’un quatrième représentant français. Car nous voulons d’un projet international, médiatisé dans tous les pays influents de la planète voile, qui concerne toutes les grandes villes portuaires d’Europe et les grandes plates-formes économiques mondiales. Nos partenaires ont besoin de retombées internationales.

Quel est le montage financier de l’opération?
Les cinq premiers bateaux sont vendus 2,5 millions d’euros. Les autres le seront à 3 millions d’euros. Pour chaque team, il faudra ensuite compter un budget d’exploitation de 1,7 million d’euros par an. Soit 50 fois moins que le budget de la Coupe de l’America et 10 fois moins que la Volvo Ocean Race.

Pourquoi avoir baptisé votre MOD 70’ Multi One Attitude?
En lançant notre projet, nous avons voulu être écoresponsables, sensibiliser les gens sur la pollution des mers et la pénurie d’eau. Car, si on continue comme ça, on va dans le mur. Nous avons donc créé une fondation, dont mon bateau porte le nom. Itinérante, elle nous permettra, dans chaque ville étape, de discuter avec les mairies, de rendre la population attentive à la lutte contre la pollution et au recyclage, d’éduquer sans faire la morale. Nous soutiendrons aussi les start-up ou ONG actives dans ces domaines sensibles.

Le programme de courses, lui, s’annonce copieux…
Avec l’Ocean World Tour tous les 3 ans, l’Ocean Race et l’European Tour chaque année, le calendrier sera bien rempli. D’autant plus que lors, du Tour d’Europe, chaque ville étape aura droit à son village écoresponsable pouvant accueillir 20 000 personnes, mais aussi à des régates sous forme de Grand Prix ou de Speed Matches.

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégorie

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site