Ses premiers mots en entrant en salle de presse
Cher compatriotes, nous sommes réunis aujourd’hui... Mais que se passe-t-il ? Après trois mois, comme ça... Il n’y avait rien à la télé ou quoi ? Quoiqu’il va y avoir le match de rugby. Il faut se rattraper après la défaite contre l’Italie. Ils m’avaient demandé d’aller jouer mais je n’avais pas les bonnes chaussures.
Son costume
On m’a livré mon costume après la ligne d’arrivée, autrement il ne serait pas dans cet état. Le problème, c’est qu’on doit le rendre. C’est celui que j’ai utilisé pour la séance photo d’avant le départ, c’est un prêt d’un magasin des Sables. Au début j’étais un peu gêné, mais au final on n’est pas mal dedans !
Sa deuxième arrivée
Bravo et merci d’être venus si nombreux, ça me chagrine un peu pour le petit François du coup. Il y a quatre ans je n’avais pas réalisé le nombre de personnes, alors cette année je me suis préparé à y porter plus d’attention pour en prendre plein les yeux. Je trouve ça super, pendant trois mois tu t’éclates, tu ne penses pas trop à l’arrivée, autrement que comme un vague rêve. On essaye de ne pas trop imaginer, car si jamais on n’y arrive pas on peut être déçu. Donc j’ai savouré. Les pontons, on y va toute l’année, c’est notre terrain de jeu donc voir autant de monde pour une arrivée, ça fait chaud au cœur. Merci aussi à AKENA qui est plus qu’un sponsor, mais une réelle énergie. Les salariés me côtoient quotidiennement, je fais un peu partie de la famille et ça me fait énormément plaisir qu’ils soient venus. Car oui c’est mon oiseau noir, mais c’est aussi leur bateau à eux. Donc Mesdames et Messieurs, achetez donc des vérandas AKENA ! Et ce n’est pas une blague. Je ris toujours, car l’autodérision me permet de passer le stade de l’émotion mais je suis très, très sérieux. Je rigole toujours en disant que je vais bien réussir à refourguer une ou deux vérandas, mais j’ai envie de porter un autre espoir, qu’on mette le paquet.
Son record amélioré de 14 jours
Le rythme en terme de course, de bataille, était vraiment plus soutenu, beaucoup plus intense. Nerveusement, vraiment extrême - dans le bon sens. Mais le bateau d’il y a quatre ans était d’ancienne génération donc celui de cette année n’est pas tout à fait le même. D’ailleurs, l’ancien AKENA Vérandas est toujours en mer avec Alessandro et je trouve ça incroyable qu’il s’apprête à boucler un quatrième Vendée Globe. Mais c’est ça qui est beau, cette diversité du plateau. Il faut donner la chance au produit et à chacun.
Son grand Sud
La météo m’a un peu souri dans le Pacifique et il y a quatre ans je disais déjà que je voulais repartir car les mers du Sud m’avaient beaucoup plu. Cette année c’était beaucoup plus que ça. Tu y prends goût, tu ne lâches pas. Bilou disait que c’était le Pays de l’ombre, moi je trouve que c’est le pays des lumières et je vais en rêver pendant encore quatre ans. Moi l’avantage que j’ai, c’est que déjà avant de partir je savais que je repartirais dans quatre ans.
Sa descente de l’Atlantique
On m’a beaucoup parlé du Pot au Noir qui a été très dur mais déjà bien avant, à la sortie du golfe de Gascogne où j’étais plutôt bien, j’ai croisé Mike Golding, derrière moi à vue, et devant j’ai Jeannot (Jean Le Cam) donc je me dis que j’étais pas trop mal. Mais c’est là où j’ai commencé à merder. J’ai empanné et suis reparti au large. J’ai eu un cran de retard dans le Pot au Noir sur le groupe de trois qui le passe super bien et moi je me retrouve un peu seul. Je me dis que je vais passer plus à l’ouest pour assurer et je me fais démonter. J’ai pris très cher. Quand le vent est faible, tu fais beaucoup de changements de voiles et tu accumules les erreurs. A ce moment-là, c’est une autre course qui a commencé mais il ne fallait pas désespérer non plus. Il y a quatre ans, j’étais 17ème au cap de Bonne Espérance. Mais c’est ça aussi le Vendée Globe, c’est à toi de te débrouiller. C’était dur mais ça va m ‘aider pour mes prochaines courses, notamment à cet endroit en particulier.
Son potentiel personnel
J’étais quand même à sept places de gagner le Vendée Globe ! (Rires) Ce que je dis aux jeunes, c’est que le Vendée Globe est différent des autres courses dans le fait qu’Alessandro va arriver dernier mais il ne sera pas dernier, il aura gagné quelque chose. Tous les bateaux qui arrivent ont gagné. Je suis limite gêné de l’accueil qui m’est réservé. Mais je pense que... Ouais, ouais, ouais, le bonhomme est capable de le gagner (rires). Alex Thomson avait un bateau assez similaire au mien donc ça prouve que je n’avais pas complètement tort en disant que le mien était capable de gagner. Pour gagner il faut un bon bateau et un bon marin qui vont bien ensemble. Le couple bateau/bonhomme est super important et avant le départ je me sentais en phase, je me sentais capable d’être dans les cinq premiers. Quand tu repars une deuxième fois c’est forcément pour faire mieux. Donc je voulais faire mieux que 7e mais au final je suis super heureux de cette 8ème place car je le suis aussi pour ceux de devant. Il n’y a pas d’intox ni de tricherie dans la course au large, c’est sain, c’est génial.
Son futur bateau : le dernier PRB de Vincent Riou ?
C’est marrant, je n’y avais pas pensé tiens ! (Rires. Silence) Je repartirais bien avec mon bel oiseau noir. Un bon bateau bien mené vaut mieux qu’un bateau excellent mal mené. J’espère que d’ici quatre ans j’aurai progressé, qu’on aura amélioré le bateau. Il est beau ce bateau, non ? Je ne suis pas objectif, mais c’est le plus beau bateau de la flotte !
Son changement
Et bien je crois que je n’ai pas grandi ! (Rires) Mais j’ai vachement mûri je pense... (Rires) Non, je ne sais pas. Par contre, je vois Benoît Parnaudeau dans la salle, qui est un super pote de La Rochelle et avec qui j’avais parlé avant mon premier VG. Il m’avait offert une carte qu’il m’avait dit de garder si je repartais et cette carte a fait quatre tours du monde au final, donc merci Ben.
Sa relation avec le bateau
Certains coureurs parlent de leur bateau comme des machines. Jamais je ne parlerai de mon bateau comme une machine. J’ai eu la chance d’en construire un et un bateau ce n’est pas anodin. Quand on part tout seul avec lui pendant trois mois, on lui parle et il nous répond. Il nous dit ce qu’il faut faire. J’aime mon bateau. Dès qu’on sent quelque chose de différent, une secousse, on se dit qu’il y a un problème. Ce qui ne m’empêche pas d’écouter de la musique à fond dans les mers du Sud pour me motiver pendant trois ou quatre heures. Mais on s’éclate, comme un surfeur qui prend sa vague.
Sa bonne-humeur moins prononcée qu’il y a 4 ans
La pression que je me suis mise vient de moi. Je ne voulais pas décevoir les gens. Donc peut-être que j’étais un petit peu différent d’il y a quatre ans. On me l’a souvent dit sous forme de reproche, mais d’un autre côté, je n’avais plus envie de faire mon Caliméro, trop gentil. Je voulais montrer cette part de moi qui a la niaque. Quand je fais mon pot au noir désastreux, j’ai fait une vidéo un peu originale et on m’a dit que j’avais pété un câble. Mais c’était le moyen d’évacuer et de passer autre chose. Le fait d’écrire ou de tourner des vidéos aide beaucoup. J’ai souvent été ému de ce que je voyais autour de moi et c’est un exutoire. Comme je disais, quand on y retourne, ce n’est pas pour la même chose. Donc forcément l’attitude change. Mais j’espère que le petit bonhomme que je suis n’a pas trop déçu.
Sa plus belle image
Mon cap Horn a été très fort. Pas seulement le passage mais les deux jours d’avant et d’après. D’abord, je vois sur les positions qu’ACCIONA n’est pas loin. Je me retourne et je le vois derrière ! Ensuite, le cap Horn, je le passe de très près et j’ai la radio qui crépite. J’entends parler espagnol. C’était un mec du sémaphore qui m’appelait, donc je réponds avec mon espagnol-vendéen-chaumois assez moyen et il me répond « Aaaah Vendée Globe ! Formidable ! ». Et juste après, un paquebot de croisière qui me dit qu’ils suivent le Vendée Globe à bord et qu’il me met en haut-parleur dans le salon. Ça m’a fait marrer, après deux mois de mer que 200 ou 300 Américains me parlent de leur swimming pool et de leur sauna... Moi, je n’ai que le karcher. Depuis, AKENA est harcelé pour faire des vérandas aux Etats-Unis !
Ses surnoms
Oui bon, je suis désolé, j’appelais Javier le « Chorizo » et Dominique le « Banquier suisse ».
Son parcours
Tous les jours, quand j’ai vécu ce projet, je me suis dit que j’avais une chance extraordinaire. J’ai une vie privilégiée. Oui je me suis battu, oui j’ai vécu des moments de galère, mais j’ai vécu intensément chaque journée et je mesure la chance que j’ai d’être le skipper d’un 60’ IMOCA Open... Je suis un privilégié avec un grand P. Donc oui, je mesure le chemin parcouru mais petit, j’avais un globe qui me servait de lumière. Je l’allumais, l’éteignais... Il n’y a pas de plus beau livre d’aventure qu’un globe. Donc bien sûr que j’ai envie de partir, tu m’étonnes !