Il avait déjà perdu son gennaker, il y a deux jours, voilà qu'il déchire son spinnaker cette nuit...le skipper franco-italien, malgré son incroyable enthousiasme, a sûrement passé des heures très difficiles cette nuit. Obligé de monter une nouvelle fois dans le mât, dans des conditions de mer et de vent très peu recommandables pour ce genre d'exercice, surtout en solitaire, il est resté deux heures en l'air pour libérer la chaussette et le reste du spi. Seule la poulie de drisse est restée en tête de mât, tant la situation était périlleuse, à 27 mètres de hauteur. Il ne lui reste plus maintenant que la poulie de capelage. Même si le skipper avoue s'être beaucoup cogné lors de l'opération, il ne s'est heureusement pas blessé. Reste que cette audacieuse escalade a due être éreintante pour le fringant quadra, sûrement plein d'hématomes ce matin mais à nouveau sur le cap des Sables d'Olonne, à faible vitesse toutefois (7 noeuds cette dernière heure) dans un vent de sud-ouest de 20 noeuds.
INFO FLASH :
« Il y a un peu plus d'une heure, vers 3hTU, j'étais en train de me reposer quand le bateau s'est couché d'un coup sur le côté bâbord (je pense à une vague qui a provoqué un empannage). J'étais sous solent et deux ris grand-voile. Je suis sorti pour remettre en place les choses. J'étais en train de mettre à l'eau le safran bâbord quand une autre vague a secoué le bateau et a fait passer la grand-voile sur tribord, j'ai reçu l'écoute de grand-voile sur le côté droit du visage et je suis retombé sur le thorax côté gauche. J'ai affalé presque complètement la grand-voile pour changer d'amure.
Bilan : une petite coupure à la base de la narine gauche que j'ai refermée avec du stéril-strip et une côte cassée selon le Docteur Chauve. Malheureusement, j'ai perdu une autre voile (le petit spi) car elle était à l'extérieur dans un sac pour compenser la gîte et elle a été balayée quand le bateau s'est couché. Il sera difficile de manœuvrer avec la douleur. Bonne journée, Alessandro ».
Contacté au téléphone ce matin, pour le moment, il tente de récupérer et de se reposer. Déjà très fatigué par les deux montées au mât, sans dormir depuis 48h, Alessandro garde le moral malgré la douleur et la fatigue.
Remontée par l'arrière
Un peu plus de 850 milles devant l'étrave de Team Plastique, Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur), toujours au portant dans un flux de sud-sud-est de 20 noeuds poursuit sa belle progression des derniers jours mais semble marquer un peu le pas sur Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) ce matin, distant d'un peu plus de 200 milles, avec une vitesse inférieure d'un peu plus de deux noeuds sur cette dernière heure (11,8 contre 13,9). Les deux hommes remontent toujours très fort sur le peloton des poursuivants, fermé par Arnaud Boissières (Akéna Vérandas). En 24 h, Bertrand de Broc a repris plus de 200 milles au skipper du bateau sablais.
Progression toujours erratique au milieu
Il faut dire que le club des 5 est vraiment mal logé dans cette remontée de l'Atlantique Sud. De souvenirs de marins très expérimentés tels que Jean Le Cam (SynerCiel) ou autres tourdumondistes acharnés comme Dominique Wavre (Mirabaud) ou Mike Golding (Gamesa), cette partie du globe n'a jamais été aussi compliquée et désagréable pour eux. Pendant qu'Arnaud Boissières, à 2699 milles des leaders progresse au portant tout près des côtes brésiliennes ce matin, à 30 milles de la latitude de Victoria, au milieu d'un intense et dangereux trafic maritime, Javier Sanso (Acciona 100 % EcoPowered) et Dominique Wavre progressent difficilement au près, vent dans le nez (20 noeuds de nord). Dans une mer hachée, courte et difficile, le skipper espagnol multiplie les virements épuisants pendant que le marin suisse se fraye un chemin compliqué contre les éléments. A l'avant du groupe, c'est la même souffrance pour Jean Le Cam qui devance toujours Mike Golding d'une courte étrave (10 milles) sur la route théorique directe pendant que l'écart latéral, qui était de 300 milles il y a peu de temps encore, se réduit ce matin à 80 milles. Le skipper anglais progresse cependant beaucoup plus directement vers les Sables grâce à un meilleur angle de vent (nord-est 15 à 18 noeuds), pendant que le breton est obligé de filer vers le nord-est dans un vent de nord de même intensité.
Duels sous haute tension
De l'autre côté de l'équateur, à 1600 milles de l'étrave de Jean Le Cam, le duel pour la troisième place continue entre Alex Thomson (Hugo Boss) et Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3). Dans un alizé de nord-est de 15-20 noeuds, les deux prétendants au podium poursuivent leur remontée de l'Atlantique Nord à bonne allure, avec un avantage pour le skipper niçois qui s'est montré le plus rapide ces dernières 24 h, avec 370 milles parcourus à 15,4 noeuds de moyenne contre 332 milles à 13,8 noeuds pour le skipper anglais. Le gain de Jean-Pierre Dick sur son rival direct, plus décalé à l'ouest, est de 20 milles, soit 246 milles d'avance maintenant. Aux avant-postes, un autre duel se joue à l'échelle planétaire, pour la victoire suprême cette fois. François Gabart (MACIF), à moins de 1860 milles des Sables d'Olonne, était nettement ralenti ce matin. Il progresse à moins de 10 noeuds (9,5) depuis 5 h. Les premiers effets du rapprochement du centre de l'anticyclone des Açores commencent à se faire sentir. Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), moins freiné pour l'instant (12,6 noeuds) en profite pour grapiller quelques milles, à 142,8 milles du leader. Le passage de cette difficulté météorologique représente sûrement la dernière chance pour le skipper de Banque Populaire de jouer un coup pour la victoire. Les prochains jours promettent d'êtres passionnants !
Le top 5 au classement de 5 heures (4h UTC)
1- François Gabart (MACIF) à 1858,8 milles de l'arrivée
2- Armel Le Cléac'h (Banque Populaire) à 142,8 milles du leader
3- Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3) à 474,4 milles
4- Alex Thomson (Hugo Boss) à 739,9 milles
5- Jean Le Cam (SynerCiel) à 2340,7 milles