"On est dans le printemps austral, c'est maintenant le plus mauvais moment" car les icebergs se détachent des glaciers antarctiques, quittent les mers de Ross et de Weddell pour remonter vers le nord, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse au PC de la course autour du monde en solitaire et sans escale.
Filiale du CNES (Centre National d'Etudes Spatiales), de l'IFREMER (Institut Français de Recherche pour l'exploitation de la mer) et de banques françaises, créée en 1986, CLS (Collecte Localisation Satellites) est basée à Toulouse et emploie 450 personnes dans le monde.
"Il y a des dizaines de milliers d'icebergs en permanence" sur les mers, "solidaires des veines de courants", a précisé M. Mesnier. Et ce, sans compter les growlers, ces blocs de glace durs comme du béton et parfois lourds de plusieurs tonnes, flottant entre deux eaux. Donc indétectables.
Les premiers des 13 skippers encore en course dans le Vendée Globe aborderont dans les 48 ou 72 prochaines heures la première "porte des glaces", matérialisée par deux points fictifs et destinée à empêcher les concurrents de descendre trop au sud et de faire de mauvaises rencontres.
Cette "porte", dite "des Aiguilles" et située aux confins de l'Atlantique sud et de l'océan Indien, a été remontée vers le nord lundi après examen d'images prises par le satellite radar canadien Radarsat-2 et analysées par l'antenne brestoise de CLS.
Vendredi, une autre "porte" -celle des Kerguelen, dans l'océan Indien- a été remontée pour les mêmes raisons et rebaptisée "porte de Crozet". Dans le cadre de ce 7e Vendée Globe, la zone surveillée par CLS -de la fin novembre à la mi-janvier- est le pourtour du continent antarctique, que vont contourner les navigateurs. Quelque 180 images radar seront prises d'ici la fin de la course.
Conséquence du réchauffement climatique?
Des bulletins d'alerte quotidiens sont transmis à la direction de course, seul interlocuteur de CLS. Ces bulletins sont ensuite transmis aux coureurs avec les coordonnées en longitude/latitude des icebergs repérés, leur dérive prévisible.
"Il y a de plus en plus de glaces à des latitudes élevées, a noté le spécialiste de CLS. Est-ce dû au réchauffement climatique? Selon M. Mesnier, "il n'y a pas de corrélation directement établie. Mais on voit des icebergs de taille inhabituelle se détacher", comme ce C-19 qui a quitté la mer de Ross en mai 2002 et dont la superficie était alors supérieure à 5.500 km2.
La résolution des clichés pris par Radarsat-2, qui tourne autour de la Terre à 800 km d'altitude, est d'une centaine de mètres. Mais, souligne M. Mesnier, "on peut rater des icebergs de 200 m de long".
Les icebergs, poursuit-il, sont "comme des camions frigorifiques qui dispersent leur cargaison" au gré des flots. Certains prennent des années pour se fractionner, d'autres se disloquent en trois jours.
[SOURCE : Eurosport.com]
- Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : "Tout va bien à bord de Banque Populaire. On a 20-25 nœuds de vent, ça glisse bien depuis ce matin. On a un ciel assez dégagé, un beau soleil, mais on voit les prémices du front avec un ciel voilé au large qui se rapproche. Ça accélère doucement. Les écarts se resserrent comme prévu avec mes petits camarades. L’option de Jean-Pierre (Dick) était un peu meilleure je pense, mais le bilan n’est pas non plus mauvais. On va devoir négocier une nouvelle stratégie avec la porte Kerguelen qui a été remontée. Il va y avoir des moments délicats à gérer. Une nouvelle course va commencer. (...) On va attaquer un mois intense au niveau du rythme. Ça va être assez élevé, il va falloir être vigilant sur le matériel, placer le curseur au bon endroit entre aller vite sans trop tirer dessus et ne pas se faire décrocher. Mon expérience me permet d’adapter mieux mes voiles, mes changements de voiles. Mais François (Gabart) est bien préparé et bien entraîné. Il gère sa course de manière intelligente".
- Jean Le Cam (SynerCiel) : "Ça va carrément. Ça mouille de partout mais il n’y en a plus que pour trois heures. Ça marche bien, j’aimerais bien pouvoir barrer mais là c’est impossible, c’est la guerre dehors. On se met à l’abri. Dans trois-quatre heures, le front sera passé. Là c’est un peu la guerre, j’aimerais bien pouvoir barrer, c’est chiant. Je vois des oiseaux derrière, une dizaine d’oiseaux noirs. Il y a de la mer. Le pilote automatique a du mal à prendre les vagues, à barrer droit. Il fait des surfs à 24 nœuds de temps en temps".
- Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : "Les conditions sont musclées avec le front qui va bientôt passer. Le vent a constamment gonflé depuis ce matin. Avec les nuages qui arrivent, ça donne des choses assez étonnantes. Je vais à une vingtaine de nœuds. On va se retrouver avec Armel (Le Cléac’h), François (Gabart) et ma pomme. Ça va être une belle bagarre mais relativisons, il ne faut pas casser le matériel. Ce n’est pas sur les deux ou trois milles qu’on va prendre là qu’on va gagner la course, il faut raison garder. La course a été très intense mais la journée d’hier a été très belle avec un beau soleil et des belles conditions de vagues. Je n’ai pas encore vu nos amis les albatros mais c’est pour bientôt. Je suis en train de passer l’île Gough - ce n’est pas simple à prononcer - et là il y en a beaucoup. Et on va bientôt voir d’autres poissons, ils seront plus dans l’eau et moins volants. C’était une belle option mais j’ai manqué un peu de réussite parce que j’étais complètement "empétolé" pendant quasiment 12 heures au moment où je devais commencer à partir et ça a permis aux autres de recoller. Mais le plus important c’est qu’on soit un peu tous ensemble, la course va faire les écarts.