Dans cette remontée dans les classements, difficile d’ignorer que le skipper du bateau aux milliers de noms et aux étoiles dorées, tire bien malgré lui les bénéfices des abandons marquant ce début Vendée Globe. Le dernier en date, celui de Jérémie Beyou sur Maître CoQ, contraint de jeter l’éponge sur avarie de quille, rappelle combien ce tour du monde est impitoyable, et exige de se concentrer sur sa course pour mieux faire fi des risques inhérents à un tel challenge. " Naviguer bien, naviguer propre ", tels semblent être les crédos du bord de votre Nom Autour du Monde dont tous les indicateurs sont désormais au vert. Fort de la belle vitesse de progression de l’ordre des 13-14 nœuds affichée ces derniers jours, Bertrand ne manque pas de saisir toutes les opportunités qui se présentent devant son étrave pour reprendre du terrain sur la tête de course. Aux avant-postes, alors la flotte connaît un sérieux coup de frein au passage de la zone propice à tous les rebondissements, le fameux et célèbre Pot au Noir, il en profite pour tenir une belle cadence.
Derrière Armel Le Cléac’h, qui s'en est échappé, les leaders, Vincent Riou, Alex Thomsom, François Gabart et les autres témoignent d’un Pot plutôt étendu et particulièrement actif. Cette zone, où les alizés de l’hémisphère nord rencontrent ceux du sud, se caractérise par de gros nuages à forte extension verticale générant des grains et des orages particulièrement virulents avec l’alternance de violentes rafales et calmes persistants. Cette zone de grand bazar météorologique reste surtout imprévisible, et a le chic de mettre les nerfs des marins à très rude épreuve. Si les cartes satellites peuvent indiquer son niveau d’activité mesuré par l’importance de la couche nuageuse, elles ne suffisent pas à en prédire les sautes d’humeur, ou à en prévoir les phénomènes météo locaux qui peuvent faire la pluie et le beau temps dans les classements. « Prévoir les détails du vent et des nuages dans le Pot au Noir, c’est comme essayer de prévoir où vont se former les bulles dans une casserole d’eau bouillante » explique le météorolgue Jean-Yves Bernot, expert en tours du monde à la voile, alors qu’il n’a pas fini d’en faire voire de toute les couleurs aux premiers solitaires qui se sont aventurés depuis hier dans son royaume.
Déjà en tête les écarts se resserrent et augurent une descente de l’Atlantique sud très stratégique sur fond de course de vitesse. Les prochaines 48 heures, quand Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets, pointera à son tour son étrave dans les méandres de cette zone à hauts risques, diront à quel sauce météo il sera mangé et s’il parvient à gagner du terrain sur son plus proche prédécesseur avant de plonger dans l’autre hémisphère. En 10è position, Arnaud Boissières sur Akena Vérandas affiche ce mardi 250 milles d’avance. La suite, pleine de suspense équatorial, au prochain carnet de bord…
Une pensée océanique pour les otages au Sahel
Souvenez-vous… Aux Sables d’Olonne, Bertrand de Broc n’avait pas manqué de profiter de la forte agitation médiatique pour braquer les projecteurs et les attentions sur les quatre otages retenus depuis deux ans au Sahel, entre le Niger et le Mali. La photo prise ce week-end au large du Cap Vert et des côtes africaines témoigne de l’attachement du skipper de Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets, qui mesure sa chance de parcourir tous les océans du globe, à la notion de liberté . Elle illustre aussi la sincérité de son engagement aux côtés de leur famille et de leurs proches dans son rôle de porte-parole de la cause de ces personnes emprisonnées. Pas étonnant donc que les noms de Pierre Legrand, Marc Féret, Daniel Larribe et de Thierry Dol viennent gonfler la liste de tous ceux qui ont mis les voiles pour boucler la grande boucle. C’est sur les outriggers qu’ils ont pris place à bord…
Dernière vacation, Bertrand par téléphone par l’organisation du Vendée Globe ce mardi 20 novembre
« Tout va bien, je profite de conditions bien sympathiques. Je viens de renvoyer le grand gennak' dans un bon 18 nœuds. Il n’y a pas un grand soleil, mais il fait très bon. J’ai toujours un peu de bricole à droite et à gauche. Là, je viens de réparer un petit bout de l’hydrogénérateur, et voilà que le téléphone sonne ! Comme quoi, on est toujours très occupé sur ces bateaux-là ! Sans compter que j’ai déjà eu un avant-goût des 40è et 50è au passage d’un coup de vent en fin de semaine dernière qui m’a mis dans le vif du sujet. Ce que j’aime bien en mer, c’est trouver les bon réglages et les petites bidouilles pour aller plus vite et bien faire marcher le bateau que je découvre encore. Je m’efforce de peaufiner donc ! A présent, je me rapproche du Pot au Noir. J’espère qu’il sera plus conciliant qu’avec les premiers. Bien sûr, j’aimerais pouvoir être plus devant, mais il reste 80 jours de nav’ pour se refaire la cerise. »
