1993 : Vatine, 2e mais vainqueur
Ils sont treize (8 monocoques, 5 multicoques) le 31 octobre 1993 à inaugurer la Transat Jacques Vabre, retraçant la route légendaire du café empruntée au 19e siècle entre Le Havre et Carthagène, en Colombie. Une première édition marquée par la victoire rocambolesque de Paul Vatine chez les multicoques. Au terme d'un superbe duel, le Normand franchit la ligne d'arrivée 1h17 après Laurent Bourgnon mais est déclaré vainqueur après avoir bénéficié d'une «réduction» de 9h10 pour avoir été percuté par un zodiac d'assistance au départ, 16 jours plus tôt. Yves Parlier s'impose pour sa part chez les monocoques après pratiquement 19 jours de course, secoués par le chavirage de Marie Sergent.
TRANSAT JACQUES VABRE 1995 - CARTAGENA (BRA) ARRIVAL - 29/10/1995.PHOTO : HENRI THIBAULT / DPPI.BOURGNON / VATINE / JOURDAIN / JOYON
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La première édition, deux ans plus tôt, a été un franc succès. Toutefois, avec la Route du Rhum et la Transat anglaise, il y a de la concurrence parmi les courses en solitaire. Les organisateurs décident donc de remettre au goût du jour les grandes heures des transats en double des années 80 en engageant deux navigateurs par bateau. Cela n'empêche pas Paul Vatine, accompagné de Roland Jourdain, de signer une deuxième victoire consécutive en multicoque, gagnant avec 36 petites minutes d'avance sur Francis Joyon et Jack Vincent, Laurent Bourgnon et Cam Lewis, troisièmes, finissant à moins de 4 heures. Le 29 octobre, Paul Vatine remporte cette course pour la deuxième fois consécutive avec Roland Jourdain. Leur trimaran coupe la ligne d'arrivée à Cartagena en vainqueur à 3h25, heure française. La traversée entre le Havre et Cartagena (4 887 milles) a été effectuée en 14 jours 12 heures et 25 mn, à 13,95 noeuds de moyenne. Banque Populaire, le trimaran skippé par Francis Joyon et Jack Vincent termine 36 minutes plus tard, Primagaz finit troisième.Seuls 7 équipages sur les 11 au départ parviennent à rallier Carthagène |
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Le succès de la course transatlantique ne cesse de croître et ils sont 18 navires, nouveau record de participation, à s'élancer depuis Le Havre le 11 octobre 1997. Si les frères Bourgnon dominent largement la course en multicoques, brisant le rêve de triplé de Paul Vatine, 2e en compagnie de Jean-Luc Nélias, l'épreuve des monocoques est beaucoup plus serrée. Après avoir essuyé des rafales à plus de 50 nœuds dans la première semaine, trois bateaux peuvent encore prétendre à la victoire après le contournement de la Barbade. Finalement, Alain Gautier et Eric Tabarly font la différence dans le sprint final et s'imposent avec presque deux jours d'avance sur Marc Thiercelin et Dominique Wavre. Une victoire historique malgré elle puisqu'elle sera la dernière en compétition d'Eric Tabarly, huit mois avant sa disparition tragique au large de la Mer d'Irlande. La traversée ultra rapide se termine par la victoire du monocoque Aquitaine Innovations mené par Yves Parlier et Eric Tabarly et du multicoque Primagaz skippé par Laurent et Yvan Bourgnon qui améliore de 6h 37mn le temps mis en 1995 par Paul Vatine et Roland Jourdain. Nouveau temps de référence : 14 jours 7 h 37 mn et 48 s. |
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1999 : La mort de Vatine Les organisateurs innovent pour la dernière Transat du millénaire en décalant d'une journée les départs des multicoques et des monocoques. Les parcours des deux catégories sont également modifiés. Les monocoques ont 4420 milles à effectuer, 1100 de plus pour les multicoques, qui doivent désormais contourner le Pain de Sucre de Saint-Barthélemy avant de faire route vers Carthagène. Mais la course va rapidement virer au drame lorsqu'une tempête vient frapper la flotte dans l'Atlantique. Marc Guillemot et Jean-Luc Nélias, qui viennent d'abandonner, dérivent vers Groupe André qui a déclenché son appel de détresse. Trop tard. A la barre, au moment où le trimaran chavire, le roi de la Transat, Paul Vatine, meurt en mer alors que Jean Maurel est récupéré sain et sauf. La victoire, elle, revient aux tandems Loïck Peyron-Franck Proffit en multi, Thomas Coville-Hervé Jan en mono. Roland Jourdain finira 4 éme sur Sill Entreprise avec Jean Le Cam en 19j 19h 21' |
2001 : Cap vers leBrésil Nouveau changement d'orientation pour la 5e édition de la Jacques Vabre. Alors que le plateau explose le record de participation (33 équipages au départ), la flotte passe le cap de l'Equateur pour la première fois. Salvador de Bahia, au Brésil, sera ainsi la nouvelle destination commune, après le franchissement du Pot au Noir. Toujours plus sophistiqués, les bateaux battent des records de vitesse. Il ne faut que 14 jours et 9 heures à Franck Cammas et Stève Ravussin pour parcourir les 5188 milles, soit une moyenne de 15 nœuds. Alain Gautier et Ellen MacArthur arrivent trois heures plus tard. Chez les monocoques, le suspense est encore plus dense puisque sept équipages arrivent à 16 heures d'intervalle à Bahia, derrière les vainqueurs Roland Jourdain et Gaël Le Cléac'h. |
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« On le savait dès le début que cela allait être intéressant ! »: la phrase est du troisième au Classement des multicoques 60 pieds open soit Loïck Peyron sur son Fujifilm. Car en effet, la promesse faite par Gérard Petipas, Directeur de Course de la Transat en double Jacques Vabre, d'offrir une destination nouvelle et un parcours novateur, emmenant les multicoques pour la première fois au delà de l'Equateur et défier le Pot-au-Noir, a été passionnante à suivre.
Que ce soit dans la classe des monocoques 60 pieds open, des 50 pieds open et des multicoques 60 pieds open, jamais dans l'histoire de la course océanique moderne, il n'y a eu un aussi beau plateau conjuguant à la fois homogénéité, quantité mais surtout qualité des bateaux. Tous les grands noms avaient émargé en bas de la feuille de départ et les combats en perspective ont tenu toutes leurs promesses mélangeant bateaux dits « anciens » à ceux de la nouvelle génération. Groupama (Franck CammasStève Ravussin) l'emporte chez les multicoques, SilI Plein Fruit (Roland Jourdain-GaêI Le Cléac'h) gagne chez les monos 60 pieds et One Deam, One Mission (Alex Bennett-Paul Larsen) dans celle des monos 50 pieds open.
Jean Le Cam (Bonduelle): « Le parcours est super, il y a eu du près, du portant, de la pétole et des grains violents. On a eu le catalogue complet ! »
Roland Jourdain (SilI Plein Fruit): « La course a été passionnante, aussi bien sur l'eau que depuis la terre. C'est un superbe parcours ! » « Aller vite c'est bien, mais aller là où il faut, c'est mieux ! ». Aussi l'aspect tactique aura été également déterminant comme l'option le long des côtes africaines de Fujifilm lui permettant de revenir dans la bagarre à l'île de l'Ascension ou la bonne porte de sortie empruntée par SilI Plein Fruit pour s'échapper d'une zone perturbée coincée entre une basse pression « maousse costaud » située au milieu de l'Atlantique et des alizés de nord-est bien faiblards. Aller vite et au bon endroit n'aura jamais aussi déterminant ! |
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Il faut attendre quatre jours pour que les multicoques puissent s'élancer, gênés par un gros coup de vent au large du bassin du Havre, rebaptisé Paul Vatine. Conséquence, le parcours délaisse ses points de contournement habituels pour offrir une belle et longue ligne droite aux concurrents. Les deux Franck, Cammas et Proffit, en profitent pour signer leur 2e succès chacun, le premier ensemble, et établir un temps record en 11 jours 23 heures et 10 minutes. Là encore, la course est acharnée puisque sept multicoques sont séparés de moins d'une journée. Jean-Pierre Dick et Nicolas Abiven remportent, eux, leur première victoire chez les monocoques. Transat J.Vabre : Jourdain-Thomson deuxièmes 19 minutes devant Golding-Thompson mardi 18 novembre 2003 (infos seasailsurf.com) |
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2005 : Beaucoup de casse
Dix multicoques Orma au départ pour seulement 4 à l'arrivée, la dernière édition de la Transat a été particulièrement éprouvante pour les Formule 1 des mers, plus rapides mais également plus fragiles. Démâtage, escales imprévues, et même chavirage, la Jacques Vabre rappelle combien la course au large peut être dangereuse. En tête de bout en bout, Pascal Bidégorry et Lionel Lemonchois résistent à la fois aux éléments et au pressing de Gitana 11 et Géant pour inscrire leur nom au palmarès de la prestigieuse transatlantique. En monocoques, Ellen MacArthur et Roland Jourdain échouent à 35 minutes seulement de Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron.
2007 : Desjoyeaux annonce la couleur, Bilou sur la Barcelona World Race
Déjà vainqueur en 2003, Franck Cammas remet le couvert sur Groupama. Son compagnon de fortune se nomme cette fois Steve Ravussin avec qui il explose litérallement le record de la traversée en 10 jours 38 minutes et 43 secondes. Soit près de deux jours de moins que son précédent record établi quatre ans plus tôt. Vainqueur en 2005, Lionel Lemonchois prend la deuxième avec Yann Guichard (Gitana 11) alors que la famille Ravussin squatte le podium avec la 3e place de Yvan en compagnie de Pascal Bidegorry (Banque Populaire). Chez les monocoques, Michel Desjoyeaux et Emmanuel Borgne dament le pion de Marc Guillemot et Charles Caudrelier (Safran), qui échouent un peu plus d'une heure derrière les vainqueurs sans spi. S'il ne bat pas le record de la course (17 jours conte 13 à Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron en 2005), Desjoyeaux envoie déjà un message à ses concurrents du futur Vendée Globe.
Jourdain et Nélias sur la Barcelona
Deux amis d’enfance qui partent autour du monde, voilà le rêve que réalise Roland Jourdain et Jean-luc Nélias sur Veolia. Les deux amis partent donc autour du monde lors de cette Barcelone World Race avec pour objectif de ramener à bon port leur bateau, et si au passage Roland et Jean-Luc peuvent accrocher la victoire, ils n’hésiteront pas ! Mais ... Veolia Environnement, le monocoque de Roland Jourdain et Jean-Luc Nelias, a démâté au sud de l'océan Indien. A l'intérieur du bateau au moment de l'accident, les deux skippers en sortirons indemnes. Ils construirons un gréement de fortune et feront route, au moteur, vers l'Australie, distante de plus de 1500 milles...
2009 Destination Costa Rica
Nouvelle destination pour une Transat Jacques Vabre qui s’est signalée par une compétition haletante en IMOCA. C’est le tandem Marc Guillemot – Charles Caudrelier (Safran) qui l’emporte de haute lutte devant Kito de Pavant et François Gabart (Groupe Bel) au terme d’une transat menée à haute vitesse. En Multi 50, le duel attendu entre Crêpes Whaou ! et Actual a tourné court. Franck-Yves escoffier et Erwan Le Roux ont tout de même eu la satisfaction de finir premier au scratch pour moins d’une heure.
Cette édition 2009 n’aura ménagé ni les hommes, ni leurs machines. Partis sous un beau soleil automnal, les concurrents pouvaient s’attendre à une sortie de Manche plutôt paisible. La bagarre entre les deux Multi50 favoris, Actual et Crêpes Whaou !, bien engagée pourtant, cessait au large de Cherbourg, quand le trimaran d’Yves Le Blévec et Jean Le Cam chavirait, étrave pliée en deux. Dès lors, malgré la résistance de Loïc Féquet et Victorien Erussard (Guyader pour Urgence Climatique), la course des Multi50 vaudra avant tout pour savoir qui sera, des multicoques ou des monocoques, le plus premier à Puerto Limon. Les monocoques peuvent faire quasiment route directe, en respectant le fait de laisser Puerto Rico à tribord quand les multicoques doivent virer l’île de La Barbade.
Roland Jourdain et Jean-Luc Nélias (Veolia Environnement) se font chiper leur cinquième place à quelques milles de l’arrivée par Pepe Ribes et Alex Pella (W Hôtels) à la faveur d’un grain où leurs adversaires les dépassent à pleine vitesse à moins d’un mille de distance.
Juillet 2012 source Le Figaro.fr / Jacques vabre / Skipinyousea.com