Ils ont puisé dans leurs réserves. Marqués, Iker Martinez et Xabi Fernandez n’en finissent pas de remercier ceux qui les ont aidés à aller au bout de leurs rêves. Non sans décortiquer une part du discours de la méthode qui, bien plus que certains superlatifs, révèle les moyens mis en œuvre par le tandem basque pour arriver sur cette deuxième marche du podium.
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Il était temps qu’ils en finissent. Les deux navigateurs de MAPFRE, auteurs pourtant d’une course exceptionnelle, ont dû vivre des heures pour le moins délicates sur la fin de ce parcours. Heureusement pour eux le vent a daigné tenir jusque sur la ligne leur permettant de boucler les derniers milles à une allure encore respectable. A peine étaient-ils arrivés que les deux compères étaient happés par le cercle des amis, de la famille, de leur équipe technique. Plus d’une heure plus tard, le monocoque à la livrée blanche s’amarrait à couple du ponton d’honneur où le public fêtait Iker et Xabi.
La conférence de presse des deux navigateurs fut un modèle du genre : sans forfanterie, mais aussi sans fausse pudeur, l’équipage de MAPFRE a révélé ses ambitions, son mode de préparation, la manière dont il allait clore cette histoire. Ce moment d’échange avec la presse allait permettre de mettre le doigt sur la manière spécifique qu’ont eue les deux marins d’aborder cette Barcelona World race. Entre véritable humilité, ambition affirmée et application des principes qui ont fait leur succès dans les disciplines olympiques, décryptage d’une méthode qui pourrait faire des émules.
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Quelques principes incontournables
Xabi Fernandez : « Avant le départ, on savait que notre atout c’était d’avoir un bateau fiabilisé mais que notre handicap pouvait être un déficit de vitesse dans des vents médiums à faibles. On a donc décidé de travailler sur la légèreté, d’embarquer un minimum de poids. Ensuite, on a eu un problème sur une part de nos aliments déshydratés, ce qui fait que l’on n’a plus rien à manger depuis 24 heures. »
Iker Martinez : « Notre première ambition pour cette édition, c’était de finir cette Barcelona World Race et de préférence sans escale. On a réussi et nous sommes très contents ; c’est comme si on avait gagné. Il faut être conscient de là où l’on était quatorze mois plus tôt. »
Leur plus grosse erreur :
Xabi Fernandez : « Sans conteste en descendant dans l’Atlantique Sud. Nous étions partis sur une route identique à celle qu’ont prise Virbac-Paprec 3 et Foncia. Mais les routages nous annonçaient que nous risquions d’avoir une journée de retard sur le groupe Estrella Damm, Groupe Bel, etc. On n’a pas fait confiance à notre intuition, on s’est recalé. Si on avait suivi notre première idée, on arrivait à l’entrée de l’océan Indien avec deux jours d’avance sur la flotte. »
Iker Martinez : « C’est aussi ce qui fait la différence avec des navigateurs d’expérience comme Jean-Pierre et Loïck. Ils savent quelle information rechercher et comment l’exploiter. »
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Les conditions pour gagner :
Xabi Fernandez : « Pour gagner, il faut une bonne préparation et de l’expérience. Ces trois mois de mer nous ont permis d’en acquérir de manière significative. Il faut aussi une très bonne préparation. Nous avons manqué des deux pour pouvoir aboutir. »
Iker Martinez : « A l’occasion de la prochaine édition de la Barcelona World Race, il faut que nous, les équipages espagnols, montions encore notre niveau d’exigence. Nous disposons maintenant des capacités d’expertise pour tenter l’aventure d’un bateau neuf. Je n’oublie pas que Virbac-Paprec 3, si l’on compte ses temps d’escale, a navigué en gros cinq jours de moins que nous. Mais, si on avait eu un tel bateau cette année, compte tenu de notre manque d’expérience, je ne suis pas certain que l’on aurait fini la course. »
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Iker Martinez : « Pendant une semaine, on va rester à Barcelone pour terminer cette histoire. Communiquer avec les médias, bien sûr, mais aussi pour analyser au plus vite avec notre équipe, ce qui a marché, ce qui pourrait être amélioré et comment. »
Les arrêts techniques autorisés :
Iker martinez : « Personnellement, je n’y suis pas très favorable. Je pense que la gestion du matériel doit aussi faire partie de la course. Maintenant, les règles sont comme ça, il faut savoir faire avec… »
Xabi Fernandez : « Il n’y a pas d’ambiguïté. Arrêt technique ou pas, ceux qui ont gagné sont les meilleurs. Une règle est une règle. A nous autres coureurs, de savoir nous adapter… »
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L’aveu
« Durant la semaine précédent le départ, nous avons décidé de changer le moteur et de refaire toute l’électronique du bord. Mais comme on ne voulait pas donner prise à nos adversaires, on travaillait de nuit, on faisait les essais avant le lever du jour et à six heures du matin, le bateau avait repris sa place normale. Et pendant le jour, on accomplissait toutes les obligations usuelles pour donner le change. En fait, notre course a démarré une dizaine de jours avant nos adversaires. »
Et pendant ce temps, derrière
A quatre cent milles de l’arrivée, Renault Z.E., qui a dû essuyer des vents très forts en mer d’Alboran possède maintenant cent cinquante milles d’avance sur son plus proche adversaire, Estrella Damm. Alex Pella et Pepe Ribes sont d’autant moins en mesure d’aller damer le pion à Pachi Rivero et Tonio Piris que les vents sont particulièrement forts dans le détroit de Gibraltar et lèvent contre courant une mer démontée. Les deux navigateurs préfèrent actuellement tirer prudemment des bords à vitesse réduite, le long de la côte marocaine. Hugo Boss remonte dans les alizés de l’hémisphère nord quand Forum Maritim Catala a enfin trouvé les vents portants qui lui permettent d’avancer à bonne vitesse vers le but.
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