Comment jugez-vous ces deux premiers tiers de tour du monde?
Jean-Pierre DICK. - Il y a eu plus de duels, plus d'actions que lors de la précédente édition. En 2007, la bagarre avec Vincent Riou et Sébastien Josse avait duré le même temps que celle que nous avons eue cette année avec Michel Desjoyeaux et François Gabart. De façon étrange, leur bateaux ont cassé quasiment au même endroit. Cette année, le second duel est arrivé de manière inopinée, après notre deuxième arrêt en Nouvelle-Zélande. Là, au contact avec les Espagnols, la pression est remontée. C'est excitant.
Virbac-Paprec est un bateau neuf, MAPFRE est l'ancien Foncia de Michel Desjoyeaux sur le Vendée Globe 2008. Cette régate montre-t-elle qu'ils sont proches en performances?
En vitesse, dans la classe Imoca (monocoques 60 pieds), les différences ne sont pas énormes entre bateaux compétitifs. Il y a eu une restriction sur les nouveaux bateaux en puissance et en taille de mât. On est forcément réduit dans notre capacité à faire des choses différentes. Cela se joue sur des pouillèmes.
Leaders talonnés de près, comment vivez-vous cette pression?J'ai été un peu énervé de cette escale néo-zélandaise. Finalement, c'est beaucoup plus haletant pour des compétiteurs comme nous d'être au contact avec Martinez et Fernandez. La victoire sera plus jolie si victoire il y a. Tout le monde se désintéresse d'un cavalier seul! Alors, on essaie de faire la compétition consciencieusement mais avec bonne humeur, en prenant le plus de plaisir. La clé, c'est le duo; tous les jours on prend des dizaines de décisions et les importantes sont communes.
Deux escales, cela change-t-il la façon d'appréhender le Vendée Globe 2012? Ce sont les erreurs de jeunesse de mon bateau, ce n'est que sa deuxième course après la Route du rhum. Mais il va falloir que je me pose les bonnes questions au niveau fiabilité. Deux arrêts, ce n'est pas normal. Sur un Vendée Globe, on n'a pas le droit de s'arrêter.
Le cap Horn (à 1600 milles, ce dimanche) est-il toujours synonyme de délivrance? On a passé un mois difficile, même si l'Indien a été relativement chaud. Le Pacifique est froid, on en souffre depuis une semaine. Oui, on va mettre le clignotant à gauche dans quatre jours, les températures vont remonter, ce sera le retour vers la maison…
Loin derrière, le restant de la flotte était soulagé de se sortir, sans encombre, d'une dépression très creuse accompagnée d'une mer dantesque comme le révèle, Kito de Pavant: «Ça va faire 36heures que nous sommes dans du très mauvais temps et que le vent n'est pas descendu en dessous de 40 noeuds. Nous sommes maintenant vent de travers, et Groupe Bel ne sait pas aller lentement à cette allure. Ça cogne car la mer est forte et très désordonnée. Nous n'avons pas encore pu faire le check-up complet du bateau mais à part quelques avaries mineures sur le gréement, qui nous obligeront à une petite ascension, tout a l'air d'aller bien à bord»; Même son de cloche du côté de la Britannique Dee Caffari: «La navigation a repris son cours normal mais ce n'est pas aussi simple que cela. La mer est encore très dure et instable avec des vagues très croisées. Nous espérons qu'elle va se calmer, et les conditions se stabiliser dans les prochaines heures. Nous sommes surtout contentes que tout le monde soit sorti indemne et nous sommes impatientes de voir les milles se réduire sur la route du Horn». Un célèbre rocher chilien que Peyron estimait «rejoindre dans quatre jours», soit jeudi.