En ce début 2011, comment avance le chantier du futur bateau ?
Bernard Stamm : « Le bateau prend vraiment forme. Toutes les pièces, ou presque, ont été construites en Suisse, au chantier Décision. Nous sommes donc en phase d’assemblage du gros puzzle. La mise est à l’eau est prévue en mars prochain après un chantier de treize mois. En collaboration avec toute l’équipe du chantier, Jean Le Huérou-Kérisel, directeur technique du projet, ne laisse vraiment rien au hasard pour que tout soit conforme : la moindre petite pièce est pesée, auscultée, validée. D’expérience, on sait qu’il n’est jamais très bon de compresser le temps de construction, c’est donc l’un des principes de base de ce projet : se donner le temps de bien faire. C’est pourquoi on mise sur la précision suisse. Dans le même sens, le programme prévoyait également qu’en 2010 je navigue en Figaro puis en Class 40 sur la Route du Rhum, plutôt que d’accélérer les choses pour m’aligner à la barre de ce nouveau 60 pieds. »
B.S : « Je connais Juan et j’aime bien son point de vue, sa philosophie dans le travail de conception. Par ailleurs, il apporte un regard nouveau sur ces bateaux dans le cadre de la jauge. Sans mettre notre expérience à la poubelle, cela permet de reprendre le problème dans sa totalité et sa globalité. Autour de ce bateau, il y a un vrai travail d’équipes au pluriel : la mienne, celle du chantier qui est autant fournisseur que partenaire, ou encore les architectes de Juan Yacht Design. »
Dans quelle mesure ce bateau est-il novateur ?
B.S. : « Ce bateau s’inscrit dans la jauge IMOCA. À première vue, il ressemble donc beaucoup aux autres 60 pieds actuels de la série. En termes de « performance, légèreté, fiabilité », il n’en est pas moins novateur dans la mesure où nous avons abordé tous les aspects de la conception-construction dans une logique d’optimisation maximale. Pour éradiquer le plus possible la casse, il y a aura pas mal de capteurs à bord qui veilleront sur la structure. Bien sûr, il comporte aussi des petites différences que je ne révélerai pas ! » |
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Une autre spécificité de ce projet est sa dimension scientifique avec la collaboration d’Océanopolis Brest et de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Quels en sont les objectifs ? B.S. : « Au-delà du volet sportif, le projet Rivages 2012* vise à stimuler la recherche fondamentale pour des transferts vers des applications concrètes. Sans altérer la performance pure, le bateau servira aussi de plate-forme d’études des océans. Il sera équipé d’un mini laboratoire pour effectuer des mesures en grandeur nature, notamment dans les eaux du globe peu fréquentées. Par ailleurs, une étude environnementale est réalisée sous la forme la forme d’un bilan carbone. Il s’agit de mesurer l’impact écologique de la construction du bateau afin de le compenser par des projets de développement durable. » Quel est le programme pour cette année 2011 ? B.S. : « La mise à l’eau est fixée au mois de mars, non pas sur le lac Léman mais en Méditerranée. Puis, le bateau disputera sa première course sur l’Europa Race en juillet prochain, avec à suivre le Fastnet, et la Transat Jacques Vabre à l’automne. » |