Le statu quo dans le classement ne doit pas masquer les différences de traitement auxquelles sont soumis les concurrents de la Barcelona World Race. En tête de course, Virbac Paprec 3 continue de creuser l’écart en affichant les meilleures moyennes de toute la flotte. Poussés par un solide flux d’ouest, les deux hommes de tête capitalisent d’autant plus leur avance que nul ne saurait prédire ce que réservera la mer de Tasman. Hier encore, les routages prédisaient une voie royale au plan Verdier-VPLP. Mais en vingt-quatre heures, la situation a radicalement évolué et le chemin ne semble plus tracé aussi précisément. Il reste qu’avec près de 750 milles d’avance, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron ont de quoi voir venir.
Des efforts pas récompensés
Derrière eux, c’est maintenant un groupe de trois bateaux qui livre la chasse. Iker Martinez et Xabi Fernandez (MAPFRE) ont, en effet, perdu un nombre important de milles sur leurs adversaires directs Alex Pella et Pepe Ribes (Estrella Damm). Iker et Xabi ont vécu trois journées particulièrement difficiles : leur position de premier poursuivant des leaders les a amenés en bordure immédiate du profond talweg qui séparait les deux champs de hautes pressions de l’océan Indien. Du coup, les deux navigateurs basques ont alterné vents forts et zones de calmes, subi des mers croisées particulièrement difficiles à négocier. Fatigue accumulée, avarie de voile et soucis électroniques ont entravé la marche en avant des deux champions olympiques. Ils sont, par conséquent, sous la menace directe de leurs collègues catalans qui n’ont de cesse de pousser les feux de leur machine. Dans leur sillage, Kito de Pavant faisait le bilan d’une journée de navigation plus molle que prévu. Les quelques heures de vents modérés avaient néanmoins permis à l’équipage d’aller faire un tour d’inspection en tête de mât pour résoudre un souci de drisse, mineur au bout du compte. Même si le skipper de Groupe Bel avouait que ce n’était pas forcément son exercice préféré, cette petite visite de contrôle aura permis aux deux navigateurs de constater que tout était en ordre dans le gréement. De bon augure avant d’attaquer le Pacifique sud.
Grand air ou glaçons
A l’arrière de la flotte, on se prépare à subir la première vraie tempête australe. Une dépression particulièrement active devrait générer des vents violents dès la journée de demain. Aussi chacun profite des moments de calme pour préparer le bateau. Dans ces mers, l’anticipation est encore la plus vertueuse des conduites. Pourtant, la bagarre qui tient en haleine certains concurrents pourrait faire oublier parfois dans quelles contrées hostiles les duos naviguent. Mirabaud et Neutrogena continuent leur partie de cache-cache. Chaque jour, le duo américano-germanique s’approche à quelques milles à peine du tableau arrière de Dominique Wavre et Michèle Paret. Chaque jour, c’est le moment que choisit l’équipage franco-suisse pour accélérer brusquement la cadence et reprendre ses distances. Au dernier pointage Mirabaud naviguait à plus de 22 nœuds de moyenne sur la dernière heure. Pour prendre le meilleur, tous sont tentés de venir chercher l’orthodromie, au sud de la route, voire même de pousser plus loin pour bénéficier du fort courant d’ouest qui balaie les Cinquantièmes. Ce faisant, plusieurs tandems comme Estrella Damm ou Neutrogena avouaient, malgré les portes, se mettre sous la menace de présence d’icebergs sur la route. Le démon de la compétition a décidément besoin de garde-fous.