A Barcelone et dans toute l’Espagne, c’est la fête ce soir. Celle des Rois Mages, los Reyes Magos. Il y a quelques années seulement, Noël n’était pas célébré sur la péninsule ibérique : les enfants devaient patienter jusqu’au matin du 6 janvier pour recevoir leurs cadeaux. Pour l’heure, alors qu’un million de personnes s’apprêtent à défiler dans les rues de Barcelone pour célébrer ce moment, les rois de la course s’appellent Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron. Les hommes de Virbac-Paprec 3 ont l’humeur aussi brillante que le soleil qui irradiait ce matin la coque bleue de leur 60 pieds. En tête depuis plus de 48 heures, ils ont attaqué cette première portion océanique le mors aux dents.
A l’autre extrémité de la flotte, en dernière position, le Néerlandais Wouter Verbaak, remplaçant momentané d’Alex Thomson sur Hugo Boss (en attendant que le skipper anglais se rétablisse de son appendicectomie), se montrait philosophe et même positif malgré ses 335 milles de retard sur les leaders.Renault Z .E., Central Lechera Asturiana et FMC sont maintenant tous trois dans l’Atlantique. C’est une délivrance pour leurs skippers, place maintenant aux dépressions atlantiques. Ce soir il ne reste plus qu’Hugo Boss en Méditerranée qui est pointé, au dernier classement de 20 h, à environ 60 milles de Gibraltar. Gageons que la Méditerranée saura lui faire un ultime cadeau alors que le groupe de tête devrait franchement accélérer demain après le passage du front.
Première nuit ventée ?
Au grand large de Casablanca, le groupe de l’Atlantique attend quant à lui le front qui va le cueillir cette nuit. Les vents associés pourraient fraîchir jusqu’à plus de 30 nœuds dans les rafales. Ce matin, les nuages à l’horizon étaient les signes annonciateurs de cette dégradation du temps. Cette navigation au près dans un vent soutenu ne devrait toutefois durer qu’un temps. Dès jeudi après-midi, la bascule au nord-ouest permettra de renvoyer les grandes voiles d’avant et de progresser vers le sud à la lisière d’un anticyclone. Pour ce peloton de tête, deux grandes options sont possibles pour descendre jusqu’aux Canaries : par l’ouest en laissant l’archipel à bâbord ou le long des plages africaines, à raser la côte. Stratégiquement, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron devront prendre leurs responsabilités. Ce sont eux qui ouvriront la voie et joueront les lièvres pour leurs poursuivants. Derrière eux, Foncia, Mirabaud et Estrella Damm en profiteront probablement pour ajuster leur tir. Séparés de 50 milles les uns des autres, ils devront cependant se contenter d’un marquage à distance.
Les écarts sont beaucoup plus serrés pour le deuxième groupe de chasse composé dans l’ordre de Neutrogena, Gaes Centros Auditivos, Président, Mapfre et Groupe Bel. Ces cinq bateaux se sont regroupés après leurs déboires de Gibraltar et se tiennent désormais en 20 milles. Entre eux, la régate atlantique s’annonce palpitante…