"Dehors, c’est le déluge ! Des trombes d’eau sur le coin de la gueule !"
Par Yann Riou, équipier média, Groupama sailing team
« If I ever say that I want to do this race again, you are allowed to kill me ! »*
La phrase est de Martin Krite. Un visage défait, des cernes prononcés, mais un petit sourire en coin. Va savoir quelle est la part de sincérité dans tout ça.
Mais ce n’est pas trop le moment de lui demander. Dehors, c’est le déluge ! Des trombes d’eau sur le coin de la gueule ! Le vent est retombé sous les 10 nœuds, et a pris 30 de gauche. On vient de virer pour la sixième fois en l’espace de deux heures.
« Stacking ! »
Et c’est reparti ! Deux tonnes de matériel à transbahuter de l’autre côté du bateau. On ne sait plus trop qui est de quart ou de standby, tout le monde est sur le pont mis à part Martin et Phil, qui s’occupent de l’intérieur. Pas un cadeau non plus !
La pluie cesse, le ciel s’éclaircit progressivement, et le vent repasse à 12 nœuds. On aperçoit CAMPER à notre vent.
Bâbord ou tribord ? Les jumelles !
« Il est bâbord ! » … Comme nous.
Matossage terminé. Trois équipiers entrent dans le bateau. Deux tentent de se restaurer rapidement, et le troisième s’écroule sur une bannette. Un coup d’œil rapide aux instruments : force du vent 10 nœuds, direction 80 …
« Merde, ça repart à droite ! »
Un coup d’œil dehors, et le constat que le ciel est en train de s’alourdir de nouveau …
Une minute se passe, pendant laquelle tu te demandes si ça vaut vraiment le coup d’entreprendre quoi que ce soit … S’allonger pour tenter de grappiller quelques minutes de sommeil ? Se servir une boisson chaude ? Ou plus audacieux encore, enlever son ciré, pour s’aérer un peu? ...
« Stacking and tacking ! » La phrase vient de dehors, et sonne le glas de tout espoir de répit ...
Il est 05h00 UTC. Voilà une heure que nous n’avons plus viré. Mais la couleur du ciel et la lecture du fichier météo montrent clairement que le chemin vers les alizés reste semé d’embûches.
Bonne journée,
Yann
* "Si je dis jamais que je veux refaire cette course, tu as le droit de me tuer !"